Dans une interview vendredi à Ouragan.cd, le haut cadre de la Convention des Congolais unis (CCU) explique que Bemba a de l’expérience tactique de terrain pour contribuer à mettre fin à la guerre du M23 tandis que Kamerhe a le savoir nécessaire pour juguler la crise économique qui n’épargne pas la République démocratique du Congo.

Qu’est-ce qui différencie le gouvernement Sama 1 de Sama 2 ?

Thierry Monsenepwo : On note l’entrée dans le nouveau team de 3 poids lourds, Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe et Mbusa Nyamwisi. En dehors de cette nouvelle donne, le reste de l’attirail a été dans la globalité maintenu, avec quelques transpositions au sein de l’équipe. On peut dire que la différence n’est pas imposante. Reste que la vraie dissemblance, nous la discernerons lors des premiers 100 jours et en ce moment, nous instruirons.

Quels sont les défis qui attendent le nouvel exécutif ?

Le pouvoir d’achat des Congolais et la sécurité dans l’est et le Nord-Est de notre pays. Pour le premier point, des tamponnements exogènes et endogènes sont à la base de la dépréciation du franc congolais face au dollar américain, qui a entrainé une hausse des prix des produits de première nécessité. Le gouvernement doit très vite juguler cet écart et redonner au peuple son pouvoir d’achat avec en prime une stabilité du franc congolais. De deux, dans l’est, nos concitoyens souffrent énormément. On a atteint le cap du million des déplacés internes des suites de cette agression rwandaise, avec en prime des centaines de milliers de morts. Et le chef de l’Etat n’a cessé de fournir des efforts palpables pour cette paix, qui devrait devenir la priorité des priorités de ce gouvernement.

Pourquoi le choix de Bemba à la défense et de Kamerhe à l’économie ?

Le pouvoir discrétionnaire du chef de l’Etat, d’abord. Ensuite, je peux dire sans peur d’être contredit, que Bemba a du répondant en ce qui concerne la défense. D’abord puisqu’il a fréquenté une bonne partie d’officiers supérieurs actuels de notre armée qui, à l’époque, étaient membres de l’ANC/MLC. Ensuite, puisqu’il a une expérience tactique de terrain au regard du combat qu’il a mené contre l’ancien régime. Enfin, le caractère sévère de l’homme, qui est important en ce moment où le commandant en chef des forces armées insuffle un vent de réforme au sein de notre armée notamment. Par ailleurs, Vital Kamerhe est un homme de terrain mais surtout un économiste vertébré. Il a dernièrement complété sa formation par un doctorat remporté avec brio. On a besoin de son expérience mais aussi de son savoir en la matière, maintenant que le monde entier subit une crise économique qui touche aussi la nôtre.

Le chef de l’Etat en annonçant le réaménagement technique du gouvernement avait parlé de la réduction du train de vie des institutions, mais là on constate que le gouvernement Sama 2 a plus de ministères que Sama 1 ?

Le train de vie des institutions se fixe au niveau des dépenses et des charges au sein des cabinets, des frais de fonctionnement, des titres de voyages et autres dépenses. Et sur ce, on perçoit que la loi budgétaire décrétée pour cet exercice, tient compte de cette promesse du chef de l’Etat. La taille du gouvernement ne change rien car vous pouvez avoir un gouvernement de 20 personnes qui vous consomme le 3/5ieme d’un budget.

Est-ce que ce nouveau gouvernement va organiser les élections dans le délai constitutionnel quand on sait que la CENI se plaint de manquer des moyens ?

Nuance. C’est la CENI qui organise les élections. Et le gouvernement ne couvre que deux aspects du processus électoral. Le financement et la sécurisation dudit processus. Et déjà, près de 500 millions de dollars ont été mis à disposition pour la CENI. Pour le reste du budget, un almanach a été admis. Cela démontre la volonté de l’exécutif de permettre à la CENI de tenir les dates. Mais n’oubliez pas qu’il y a aussi le Parlement qui devrait légiférer à temps, et la classe politique doit maintenir une idée de consensus sur le processus. Voilà tout le cocktail qu’il faut.

Ne pas donner les moyens à la CENI, n’est-ce pas une volonté de glisser ?

Est-ce qu’un gouvernement qui adjuge plus d’un demi-milliard de dollars pour la tenue des élections a une idée de glissement ? En une période de crise économique mondiale et dans un contexte sécuritaire d’agression ? c’est la preuve même d’une volonté de tenir la date.

Faut-il aller aux élections sans une partie du Nord Kivu ?

Non. Ce n’est pas désirable. Nous devons tout faire pour que durant ce temps imparti, que ces antagonistes de la paix quittent nos terres. Déjà que ces populations enterrent chaque jour, et perdent tout de la vie à cause de différents déplacements. Faudrait-il ajouter à ce chapelet de calamité, l’absence d’un exercice démocratique ? malin serait celui qui répondrait à cette question.

A l’Union sacrée, ce gouvernement semble avoir renforcé les frustrations internes. Beaucoup de cadres valeureux ont été laissés de coté. Craignez-vous une déflagration à venir ?

Non. Aucune déflagration. Les frustrations sont inhérentes à la nature humaine. Mais heureusement, il est comblé par la compréhension des uns et des autres, mais surtout, par la confiance en la vision du chef.

L’Union sacrée sera-t-elle une plateforme électorale ou demeurera une plateforme politique ?

Nous avançons vers une transformation que nous impose les élections. La charte est déjà là, on est à l’étape d’enregistrement des personnalités, partis politiques et regroupement politiques. La famille s’agrandit autour du chef de l’Etat, et cela n’augure qu’une victoire écrasante.

Monsieur Jean Thierry Monsenepwo, je vous remercie.

Propos recueillis par Jeanric Umande