La nomination de Vincent Karega pour représenter l’Etat rwandais en Belgique n’est pas un fait du hasard. Puisqu’en dépit de toutes les articulations du complot contre la République démocratique du Congo, la diplomatie personnelle de Félix Tshisekedi a fait bouger les lignes. En effet, le président congolais a maintenu son combat dans la dénonciation internationale du plan de balkanisation longtemps accéléré par Kigali et ses soutiens occidentaux. Kigali est cloué, obligé de s’expliquer sinon de sécher tous les forums qui se tiennent hors du pays. Si une journaliste-espionne du Rwanda pouvait poser une question piège à Félix Tshisekedi lors d’un sommet international à Davos, c’était une expression d’épuisement diplomatique de Kigali. Paul Kagame n’est pas un mythe, son prestige étant dorénavant taché et sa réputation insalubre.

Pourquoi Karega ?

L’ex-général Delphin Kahimbi qui avait écrit une lettre de mise en garde contre la nomination de cet homme à Kinshasa, est-il encore vivant ?, se demande un enseignant d’université. Les scientifiques et observateurs de la géopolitique des Grands Lacs analysent diversement les motivations cachées d’une telle nomination. « Kagame ne fait jamais aucune nomination au hasard : chaque nomination est assortie d’un objectif ! Soit, protéger ses intérêts, soit détruire un ennemi potentiel », explique un politologue de l’Université de Kinshasa. Pour lui, Vincent Karega fait partie du système “des nettoyeurs” (ceux qui connaissent le jargon du contre-espionnage comprendront!), système mis en place par Kagame pour se débarrasser des opposants internes ou externes, rwandais ou étrangers susceptibles de nuire aux intérêts de Kigali. « Chaque fois qu’il est envoyé quelque part, des opposants à Kagame sont assassinés ou des personnalités jugées “dangereuses” pour son régime ». Ce fut le cas en Afrique du Sud, ce qui lui valut son expulsion. Karega a été expulsé de la RDC pour des motifs bien connus. Tout d’un coup, on l’envoie en Belgique, pendant que le chef de l’État congolais déclenche une vigoureuse campagne de dénonciation de l’agression du Rwanda contre la République démocratique du Congo. « Ça devrait faire “tilt” dans nos cerveaux », explique le politologue.

Pourquoi Karega en Belgique ?

Bruxelles est le berceau et le siège de l’Union européenne. C’est le pays à qui souvent les États unis laissent la “sous-traitance” des questions congolaises. C’est la résidence de la plus grande communauté de la diaspora congolaise, dont beaucoup de familles des dirigeants congolais d’aujourd’hui. « C’est en Belgique que Félix Tshisekedi détient sa plus forte influence politique et sa résidence secondaire comme ancien membre de la diaspora congolaise ». Karega ne manquera pas de s’y intéresser. Infiltrer la communauté congolaise, instrumentaliser la communauté Banyamulenge et peser dans la diplomatie internationale. « La Belgique, c’est la nation, dont le souverain a été le premier à dénoncer l’agression du Rwanda contre la RDC lors de son voyage au Congo en juin 2022 ». La Belgique, à cause de ses liens historiques avec la RDC, est une cible privilégiée si on veut atteindre la RDC, car Bruxelles, “chez les Noko”, les Oncles, “c’est la porte d’à côté” de Kinshasa.