Personne ne peut gommer la vérité. “Le Rwanda tue et pille, mais tout le monde ferme les yeux”. Dépité, le ministre congolais de la Communication et médias gronde. Il insiste sur la fin de l’hypocrisie de la communauté internationale. Des années durant, le peuple congolais a été massacré et contraint à l’errance au vu et su de tout le monde. Muyaya estime que le moment est venu où ceux qui protègent leur marionnette doivent stopper ce supplice. “Les innocents congolais ont déjà payé un lourd tribut”.

Au président français, les Congolais veulent que la question de la sécurité soit plus claire. Il faut nommer le mal, ralle Muyaya. “Il n’y a pas de place pour l’ambiguïté, le mal est connu, il faut le nommer par son nom. Après, il y a la diplomatie parce que la France, depuis le début, essaie de proposer de faire de bons offices. Il semble que lorsque vous faites de bons offices, il ne faut pas épingler l’une ou l’autre partie, mais ce n’est pas ça que l’opinion congolaise attend de la France”, a-t-il tranché mercredi 1er mars devant la presse à Kinshasa.

Le membre de l’exécutif national a ajouté que la France doit exprimer son engagement clair pour le retour de la paix, condamner le Rwanda et prendre des mesures contre ce pays pour qu’il cesse d’agresser la RDC. “Nous voulons nous avant d’aborder des sujets de développement, des sujets qui nous tiennent, avec les hommes d’affaires qu’il nous amène, que la France clarifie sa position avec des mots clairs parce que ce sont eux qui sont les premiers locuteurs de la langue française. Nous ne voulons pas des discours ambigus, mais clairs pour le retour de la paix dans l’est et les autres questions pourront être abordées dans la plus grande sérénité et ici il faut éviter d’aller dans un piège”, a-t-il fixé.

A deux jours de son arrivée à Kinshasa, le président français a été chahuté. Muyaya parle de l’expression démocratique quand il évoque les manifestations anti-Macron. Les Congolais ont exprimé leur colère sur la position de la France en rapport avec l’agression rwandaise. De plus, il a rappelé que le ministre congolais des Affaires étrangères, Christophe Lutundula a désapprouvé les mots du président français sur la question de l’est. Par rapport à la Russie qui agresse l’Ukraine, les Occidentaux sont virulents. Dans les mêmes conditions, le Rwanda endeuille le Congo-Kinshasa, mais le ton utilisé contre Kigali est très faible.

Au-delà de l’aspect sécuritaire, les hommes d’affaires qui sont dans la délégation d’Emmanuel Macron vont s’enquérir des opportunités économiques que présente la RDC. “Le président Macron vient en RDC avec une délégation de plus de 152 personnes, notamment les hommes d’affaires y compris Xavier Niel qui est la deuxième fortune de France. Et donc il y a un forum économique qui est prévu et qui connaîtra la participation de deux commissaires européens parce que cette visite est aussi stratégique pour nous, mais elle l’est beaucoup plus pour la France parce que vous avez suivi, le président Macron a plus ou moins dressé les lignes et la RDC, c’est le pays principal en Afrique centrale, et je pense que c’est ce qu’il va dire ici de manière claire”, a-t-il ajouté.

La culture aura aussi une place de choix dans cette nouvelle forme de coopération entre les deux pays. “Il y aura évidemment des aspects culturels parce que vous savez que la ville de Paris est très prisée par nos artistes, à la fois peintres et musiciens. Il est question de voir aussi ce que nous pouvons explorer dans ce registre-là”.