La Société nationale des hydrocarbures (Sonahydroc SA) ex-Cohydro, fait secret d’État ses états financiers. Ils ne sont publiés nulle part, la patrouille financière de l’IGF pourra probablement changer cet état de choses. Le récent rapport thématique sur le renforcement des divulgations des entreprises publiques du secteur extractif de la RDC, exercices 2019 et 2020 , y est encore plus critique.
Christophe Lutundula, ministre congolais des Affaires étrangères @Photo Droits tiers
La recherche documentaire effectuée indique que la Sonahyroc n’a pas divulgué ses états financiers sur son site web. Les seules données disponibles ont été laborieusement collectées et publiées par ITIE RDC, la structure étatique en charge de la transparence dans les industries extractives.
Dans les états financiers annotés de la Sonahydroc, il est notamment fait état des créances clients. Et le nom de Lutundula Apala paraît en ordre utile. S’agit-il de l’actuel vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères ? Nos sources à l’ex-Cohydro parlent d’une évidence. Lutundula Apala doit donc une bagatelle somme de 64705 000 FC à la Sonahydroc. La principale entreprise publique d’hydrocarbures n’a pas daigné communiquer sur cette créance autant que sur celle des personnes morales comme le ministère des ITPR dont les créances se sont chiffrées à 2 265 832 000 FC en 2019 et 2 733 754 000 FC en 2020. Pour la même période, SEP CONGO doit 1 154 691 000 FC et AYA CONGO 56 241 000 FC en 2019 et 798 583 000 FC en 2020 à Sonahydroc. Puis ENGEN DRC , 415 504 000 FC , COBIL SA , 413 956 000 FC, PATEL ISMAEL 331 167 000 FC en 2019 et 397 888 000 FC en 2021.
Le ministère de tutelle doit plus 230 millions de francs à l’ex-Cohydro entre 2019 et 2020. L’Office des routes détient près de 100 millions de francs des créances. La MIBA environ 90 millions de francs. Et CONGO PÉTROLE, près de 49 millions. Naturellement, la liste n’est pas exhaustive. Par ailleurs, la revue des états financiers de la SONAHYDROC clos au 31 décembre 2020, a fait apparaitre l’existence d’une créance envers l’État intitulée : Créance sur perte et manque à gagner armateurs d’un montant de 141 millions de FC, équivalant à 71 633 USD. Selon la note explicative fournie, cette créance sera compensée avec les dettes fiscales suivant les recommandations du ministère des Finances.
En l’absence d’informations suffisantes sur la nature de cette créance et sur l’échéancier de son remboursement/compensation avec l’État, les dépenses engagées par la Sonahydroc constituant le solde non encore recouvré peuvent être assimilées à une dépense quasi budgétaire. Sonahydroc a si bien verrouillé tout circuit d’informations qu’aucune preuve de signature ou de mise en application des contrats n’est à la portée du public.