Un sommet pour faire baisser l’extrême tension entre Kinshasa et Kigali s’est tenu samedi dernier dans la capitale burundaise. Officiellement, destinée à évaluer les différentes résolutions prises par les chefs d’État de l’EAC, la rencontre de Bujumbura aura été finalement l’occasion de ramener aux bons sentiments deux voisins de plus en plus déchirés par la guerre du M23.
Félix Tshisekedi, le président congolais en face du président rwandais, Paul Kagame @Photo Droits tiers
Le sommet a affiché presque complet : il y avait Suluhu de la Tanzanie, Museveni de l’Ouganda, Ruto du Kenya, Kagame du Rwanda et Tshisekedi de la République démocratique du Congo et Ndayishimiye du Burundi, hôte du sommet. Manquait à l’appel, Salva Kiir du Soudan du Sud, qui accueillait le pape François en provenance de Kinshasa où il a passé quatre jours. Une rencontre réussie dans la forme, mais dont on attend dans le fond les retombées sur le terrain.
Une mise en place bien calculée
Dans la salle d’échange de civilités présidentielles, il a été remarqué que les deux protagonistes, Paul Kagame et Félix Tshisekedi, ont été installés face-à-face. Obligés donc d’esquisser le sourire face aux caméras et de se serrer la main à la fin du sommet. Une prouesse du président burundais, actuel président en exercice de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC), qui ne cesse de travailler dans le sens de mettre en confiance les différents acteurs du conflit armé qui déstabilise la partie orientale de la République démocratique du Congo.
Le président burundais a bien négocié la participation de ses homologues, notamment congolais et rwandais. D’une part, il était question de convaincre Paul Kagame qu’effectivement Félix Tshisekedi sera au rendez-vous. Surtout que ce dernier venait de boycotter le dernier sommet de Doha au Quatar où il était attendu pour un tête-à-tête avec son homologue Paul Kagame en janvier dernier.
Ndayishimiye aurait bénéficié du soutien diplomatique de Luanda, Paris et Washington pour finalement bousculer l’agenda du président congolais devenu intraitable vis-à-vis de Kagame. Ce dernier a mis la pression militaire sur le terrain pour tenter de faire fléchir Félix Tshisekedi. Les dernières prises de Kitshanga et Kirolirwe dans le territoire de Masisi auraient pour principale motivation de parvenir à placer Kinshasa dans une posture d’acceptation du schéma de dialogue avec le M23. Tshisekedi est resté de marbre : le Rwanda, pointé comme l’agresseur, doit quitter le territoire congolais.
Visite papale
La dernière visite du Saint-Père en République démocratique du Congo a placé Kinshasa sous les projecteurs de l’actualité du monde. Le message du souverain pontife à la communauté internationale aurait été entendu. Les grandes puissances occidentales auraient résolu de pousser Kinshasa et Kigali à concrétiser un dialogue gagnant-gagnant pour taire les violences, rassurer les déplacés internes et les réfugiés congolais vivant dans les pays voisins et insérer les éléments terroristes dans les institutions de la République. La question d’intégration des éléments terroristes au sein de l’armée cloche. Kinshasa n’est pas prête à le faire. Le souverain pontife aura réussi un exploit historique de secouer la planète autour de la crise sécuritaire en RDC.