Après deux ans de suspension à cause du Covid-19, Indaba a repris depuis l’année passée. L’année dernière, c’est le Premier ministre Sama Lukonde qui avait représenté le pays aux travaux. Pour cette édition, près de 80.000 opérateurs miniers, banquiers, entrepreneurs et délégués des institutions nationales et internationales participent à cette conférence-exposition. Mining Indaba est l’un des plus grands forums miniers du monde et le premier de l’Afrique.

Considérée comme « scandale géologique », la RDC est le grand pays minier du monde. Certains disent que le tableau de Mendeleïev a été conçu pour la RDC, car il possède presque tous les minerais du monde. De ce fait, le Congo attire l’attention du monde entier ; celle des investisseurs comme celle des prédateurs et de ses envahisseurs. En 2022, le secteur minier a contribué au budget de l’État à plus de 60%, soit avec des recettes de l’ordre de plus de 7 milliards de dollars américains. Les minerais utilisés dans la haute technologie (criticals metals, e-metals ou hi-metals) et autres se trouvent en RDC et attirent toutes les convoitises du monde.

Si certains peuvent se réjouir des recettes générées par les mines en RDC, d’autres estiment qu’au regard du potentiel, le pays ne gagne pas assez. Plusieurs raisons expliquent la modicité des recettes de l’État : moins de recherches, manque d’expertise, très peu d’investissements, instabilité institutionnelle, insécurité armée devenue presque chronique et juridique, contrebande, fraude et corruption. Bref, le pays ne tire pas de dividendes à cause de la désorganisation.

Que gagne la RDC à Indaba depuis 20 ans ?

Le pays a participé à ce forum depuis près d’une vingtaine d’années. Mais quelles sont les retombées de sa participation ? Une simple présence protocolaire ? Que ramènent les délégués de la RDC au pays ? Combien d’investisseurs sont venus au Congo via cet événement ? Il ne s’agit pas seulement de faire le déplacement, présenter la liste des minerais dont regorge la RDC et prononcer les discours. Indaba est un forum d’échanges qu’il faut capitaliser et non une foire touristique avec des délégations pléthoriques avec des agents de l’État à la recherche des per diem (frais de mission). Si la RDC est restée dans le rituel depuis des années, le temps est venu pour changer les méthodes et les acteurs. Sinon, c’est la stagnation.

La présence de Félix Tshisekedi à ce forum doit apporter un plus. Le président doit mener la diplomatie des ressources naturelles. Les multinationales friandes des matières premières font et défont les gouvernements ; ceux du tiers-monde comme ceux des pays développés et stables. Elles sont capables de déposer les régimes politiques par la force en parrainant des mouvements armés et séditieux et par la puissance de l’argent à travers des lobbyings. Le premier cas colle aux pays tropicaux tandis que le deuxième est inhérent aux grandes puissances. Aucun gouvernement occidental ne travaille en marge des multinationales.

La RDC faisant face à la guerre économique à travers la sous-traitance militaire de certains pays dont le Rwanda, a ainsi l’occasion d’inverser la tendance en prenant langue avec les multinationales. Mining Indaba ouvre cette brèche à la RDC. À la délégation congolaise de convaincre. Sans les multinationales à la recherche des matières premières, le Rwanda ne serait pas si arrogant et la guerre n’aurait pas lieu en RDC. Le Rwanda ou le M23 n’est qu’un cheval de Troie que l’on manipule à souhait. C’est pareil pour toutes les forces négatives opérant en RDC.