A Kibati, non loin du QG de la force régionale, aucun engin n’est visible sur le terrain. La fièvre de l’arrivée du pape est retombée depuis l’annulation de l’étape de Goma. D’ailleurs, la zone de conflit se rapproche du site. Les fidèles catholiques gomatraciens qui devaient se déplacer par milliers se contenteront de suivre la masse papale de Ndolo à la télévision publique (RTNC).

Les risques sécuritaires ont pesé dans l’annulation de l’étape de Goma. Muhindo, la mort dans l’âme, comprend le Vatican qui s’est inquiété à l’idée de voir le pape se rendre dans le “far west” congolais. Alarmé, il chahute alors Paul Kagame. Le trentenaire accuse le président rwandais d’avoir intensifié la guerre pour empêcher au pape de fouler le sol de la province martyre afin de découvrir le chaos qu’il a installé dans l’est du Congo.

Sur la route Goma-Rutshuru, dans le territoire de Nyiragongo, les habitants du village de Kibati, chassés à un moment par les coulées de lave du volcan, avaient déjà repris leur vie normalement.

La venue du pape aurait été un espoir de salut, mieux une aubaine pour eux. Ils s’étaient massivement mobilisés pour dérouler le tapis rouge à l’illustre visiteur. Le changement de programme les a plongés dans la tristesse. “Il ne viendra plus, mais il va prier pour la paix dans notre pays”, se désole Aminata Kateleka, une fervente catholique.

Au Nord, tout comme au Sud-Kivu, le pape était très attendu. Pour la société civile, le Saint-Père devait vivre lui-même les réalités de terrain, les affres de la guerre, la souffrance imposée à cette misérable population, les conditions de vie exécrables des déplacés, le tourment des enfants abandonnés, malnutris ou séparés de leurs familles, afin de bien secouer la communauté internationale.

À distance, la sensibilité ne sera pas la même. Le souverain pontife rencontrera à Kinshasa quelques délégués des déplacés de guerre et de victimes de la barbarie humaine. “Les chrétiens catholiques n’ont pas perdu la foi de conjurer cette situation cauchemardesque”, explique un abbé d’une grande paroisse de Goma qui croit que la paix véritable est pour bientôt. Le pape François, dit-il, remettra le Congo-Kinshasa entre les mains de Dieu, un acte très significatif pour le futur de ce pays qui est appelé à jouer un grand rôle en Afrique et dans le monde.