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Enrôlement : les chiffres contestés de Kadima

“De qui Kadima se moque-t-il”, s’est interrogé un expert spécialisé dans l’accompagnement des partis politiques et des candidats aux élections, après la publication des chiffres de la CENI au sujet du nombre d’inscrits sur les listes électorales dans la première aire opérationnelle.

Par Patrick Mputu

Denis Kadima, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) @Photo Droits tiers

publié le 9 février 2023 à 19:40:32

D’après le bureau de la Commission électorale nationale indépendante, 12.030.470 de personnes soit 64,35% d’électeurs se sont inscrites déjà pour les élections de décembre prochain, un chiffre largement supérieur par rapport aux prévisions de la centrale électorale. La première aire opérationnelle est composée de dix provinces. Il s’agit de l’Équateur, Kinshasa, Kongo central, Kwango, Kwilu, Maï-Ndombe, Mongala, Nord-Ubangi, Sud-Ubangi et Tshuapa. Les chiffres de Kadima ne passent pas dans les états-majors politiques et dans certains bureaux des structures d’observation des élections. Les acteurs politiques comme les observateurs électoraux attendaient de la CENI des données statistiques détaillées. “C’est de la poudre aux yeux”, s’insurge un acteur de la société civile. Étant donné que la CENI a publié des chiffres non étayés de données palpables. “Ils doivent faire très attention. En cherchant à tourner en bourrique toute une nation, Denis Kadima cherche une catastrophe électorale. Qu’il se renseigne, rien que pour certifier de la transparence, nous devons voir le serveur centralisateur des données, sans quoi, c’est de la provocation”, s’irrite un membre de Lamuka. Il ne s’agit pas d’une promenade de santé, mais plutôt d’un processus électoral mal entamé et qui risquerait de faire chavirer le navire.

Plusieurs centres d’inscription toujours inopérants

Si dans le grand Équateur plusieurs centres d’inscription des électeurs accusent un sérieux problème de sources d’énergie pour alimenter les kits d’enrôlement, au Kongo central et dans certains quartiers de Kinshasa, le personnel n’est pas du tout à la hauteur de la tâche. La Commission africaine pour la supervision des élections (CASE) évaluant le processus depuis son bureau de Chicago aux États-Unis d’Amérique constate qu’“en dépit de la prolongation du délai d’enrôlement dans la première zone opérationnelle sur 25 jours, la qualité de l’opération ne cesse de se détériorer”. Les rapports recueillis par des organisations partenaires de la CASE soulignent malheureusement les mêmes défauts et les mêmes faiblesses. La CASE invite la CENI à ne pas se comporter comme certains animateurs de l’Union sacrée de la nation (USN) qui croient qu’en monnayant une mobilisation protocolaire à l’enrôlement, ils se rassurent d’un électorat. “En tournant le dos à tous ceux qui lui disent la vérité, la CENI se perd et sacrifie un cycle électoral de tous les espoirs”, a déclaré Simaro Ngongo Mbayo, président de la CASE. Cette structure spécialisée en matière électorale attire l’attention de la CENI sur “la complexité de l’enrôlement dans les territoires du Nord-Kivu actuellement en proie à l’insécurité où il est signalé l’introduction par le Rwanda, des populations étrangères pour influer sur le poids de l’électorat congolais”. L’organisation estime que la question électorale nécessite d’être discutée avec toutes les parties prenantes afin de crédibiliser davantage l’actuel cycle électoral.

La CASE salue l’appel du pape François

La Commission africaine pour la supervision des élections (CASE) a rendu hommage à Sa Sainteté le pape François pour son exhortation à la tenue d’élections libres, transparentes et crédibles en République démocratique du Congo. La CASE adhère à cet appel à la vigilance pour “que les ténèbres de l’injustice et de la corruption qui obscurcissent la lumière du bien ne violent pas le droit à l’équité électorale” consacrée par la loi fondamentale de la République démocratique du Congo. Cet encouragement papal devrait interpeller les parties prenantes au processus électoral afin, dit-elle, que celles-ci travaillent fondamentalement dans l’esprit du consensus et de l’inclusivité. “La CASE s’indigne contre les attaques dirigées contre l’Église catholique, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de son évêque Fridolin Cardinal Ambongo Besungu, dont le seul tort serait cette recommandation formulée publiquement en présence du Saint-Père, de promouvoir des élections libres, démocratiques, transparentes et inclusives”, souligne sa déclaration du 7 février 2023. Elle condamne également les interpellations opérées à l’issue de la réunion du pape avec les jeunes au stade des Martyrs le jeudi 2 février 2023. Même si les personnes interpellées ont été relâchées, l’acte posé par le gouvernement ternira pour longtemps l’image de notre démocratie électorale. Alors que d’aucuns estiment que le scrutin de décembre ne rassure pas tous les acteurs, l’équipe Kadima amplifie le doute.

Désormais, le chemin vers les élections de 2023 devient de plus en plus chaotique. Le décor de la contestation est planté. Ces doutes autour des chiffres de l’enrôlement des électeurs poussent le PPRD à camper sur sa position, celle de boycotter le processus électoral en cours. D’après, le secrétaire permanent adjoint du parti de Joseph Kabila, les chiffres de la CENI laissent apparaître des taux d’enrôlement largement supérieurs aux prévisions. La polémique enfle même dans l’opinion. “Denis Kadima prépare la fraude à grande échelle”, dénoncent sur Twitter plusieurs Congolais. Ceux-ci attendent impatiemment la réaction de Martin Fayulu, candidat déclaré à la présidentielle de 2023 qui avait exigé à la CENI, il y a peu, de publier le nombre d’inscrits par centre d’enrôlement et par province.

Dans la deuxième zone opérationnelle qui comprend les provinces du grand Kasaï et du grand Katanga, on parle jusque-là de 8% d’enrôlés. Au total, 1.244.794 d’électeurs ont été jusqu’ici enrôlés sur les 15.381.709 attendus.

Pour cette opération d’identification et d’enrôlement, l’organe technique vise plus de 50 millions d’enrôlés, soit 10 millions de plus que lors du dernier processus. Initialement prévu pour le 23 janvier, l’enrôlement dans les dix premières provinces se poursuit jusqu’au 17 février 2023. La décision a été prise lors d’une plénière de la CENI après les difficultés opérationnelles rencontrées.

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