Faisant partie de l’équipe des radicaux, Müller critique ouvertement le pape. L’ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, n’y va pas par quatre chemins : sur le site américain Lifesitenews, il affirme qu’avec ce livre, il veut aider les personnes qui ont un problème avec le pontificat de François. Il va très loin en déclarant que « le pape n’a aucun contact téléphonique avec le Saint-Esprit ».

Un cardinal ultra-conservateur contre un pape réformateur

Le cardinal Müller désapprouve la manière dont le pape François gère les dossiers sensibles et s’inquiète de la “confusion doctrinale”. Le prélat allemand affirme qu’il existe à la Maison Sainte Marthe, la résidence où le pape François a choisi de vivre, un «cercle magique» qui décide de tout, même des nominations. « Il y a une sorte de cercle magique qui gravite autour de Sainte Marthe, formé des personnes qui, à mon avis, ne sont pas préparées du point de vue théologique. Ce cercle décide de tout », déclare l’ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.

Des conseillers du pape appartenant à ce « cercle magique » exerceraient une influence sur les questions importantes et sont coresponsables des décisions fondamentales de politique ecclésiastique et de théologie.

Selon le cardinal Müller, il existe un flux parallèle d’informations à côté de l’appareil officiel de la Curie romaine. « Les canaux institutionnels sont malheureusement de moins en moins consultés par le souverain pontif », dit-il. Il affirme aussi que le pape aurait violé à plusieurs reprises des principes juridiques. Lors de la poursuite des auteurs des abus sexuels ou autres, le pape argentin aurait épargné ses amis. Il lui serait arrivé de gracier des prêtres accusés ou condamnés lorsqu’un dignitaire ami prenait leur défense. A l’inverse, il en aurait tout simplement déposé d’autres, comme le cardinal Angelo Becciu, « sans un procès équitable ».

Fissure au Vatican ?

Il faut rappeler que le cardinal Müller est un ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (ministre de la Justice de l’Église). A ce sujet, le cardinal Müller affirme que les amis latino-américains du pape l’auraient injustement présenté sous un jour négatif. En outre, les préjugés de certains évêques sud-américains qui défendaient une ligne plutôt pastorale et méprisaient la théologie européenne, ont joué un rôle, affirme-t-il. On l’aurait accusé d’être inflexible sur les questions dogmatiques : « Ils me voyaient comme un professeur allemand têtu qui voulait même donner des leçons au pape. Mais tout cela était inventé. Je n’ai fait que défendre les règles ». Une opposition entre l’Amérique latine et l’Occident. L’église est-elle divisée.

Le cardinal Müller critique aussi dans son livre les décisions du pape d’interdire l’ancienne forme latine de la messe, la réforme de la Curie, l’extension de la constitution synodale et l’accord secret avec le gouvernement communiste de la Chine. Une guerre latente entre l’Occident et l’Orient via le Tiers-Monde en sourdine. Une guerre de sous-traitance au Vatican ? C’est le clair-obscur.

Nommé préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi par Benoît XVI le 2 juillet 2012, le cardinal Müller était arrivé au terme de son mandat de cinq ans, que le pape François n’avait pas renouvelé en 2017. Certains clergés le considèrent comme un aigri qui tente d’organiser une rébellion ou une révolution au sein de l’église. Il ne supporte pas le débat et la contradiction. Or, l’Église doit s’adapter à l’évolution de la société d’après plusieurs prêtres.

Le fait pour le pape François d’ouvrir ou de proposer un débat sur le mariage des prêtres, des gays et les finances de l’église, suscite un tollé. Les conservateurs, hostiles à toute réforme, combattent ses propositions. Les réformateurs, quant à eux, soutiennent François. Certains prêtres contactés, déplorent le comportement du cardinal Müller. “Il cherche à créer le buzz pour qu’on parle de lui”, disent les réformateurs. Division au Vatican ? Une crise est-elle en vue? Même au ciel, l’unanimité n’existe pas. Pour preuve, Dieu a été contesté par l’un de ses anges, Lucifer. L’Église est une hiérarchie et non une démocratie