Le notable Justin Bitakwira ne décolère pas. Corneille Mulumba, membre co-fondateur de l’UDPS s’indigne. La société civile du Nord-Kivu menace. Drôle est cette coïncidence entre le tweet incendiaire du sénateur américain John Boozman intervenu le jour même de la rencontre entre le facilitateur Uhuru Kenyatta et les officiels du M23. 24 heures après, l’ordre est donné au M23 de se constituer une armée, une façon de consacrer la République rwandaise du M23.
Uhuru Kenyatta, l’ancien président kényan et Paul Kagame, le président rwandais accusés d’accélérer la balkanisation @Photo Droits tiers.
Le Congo, terre d’avenir est trahi, dénonce Corneille Mulumba, membre fondateur de l’UDPS. “Trahi par son gouvernement ; trahi par son Parlement; trahi par sa classe politique ; trahi par sa société civile, Églises et ONG’s y compris”, constate-t-il. Sans débat, le gouvernement a fait entrer notre pays dans l’EAC, une communauté ennemie, déclare Corneille Mulumba qui rappelle que “la procédure a été menée sans saisir les deux Chambres du Parlement et sans ratification par les deux Chambres législatives congolaises”.
Le mini-sommet de Luanda a autorisé l’entrée des troupes de l’EAC sur notre territoire. Conséquemment, “l’accord scélérat de Luanda a interdit aux FARDC d’attaquer les agresseurs”, tonne Corneille Mulumba qui souligne que le mini-sommet de Luanda a créé une zone tampon de fait à occuper par les troupes de l’EAC, une force objectivement suspecte. Dans cet embrouillamini, “le M23 continue de conquérir de nouveaux territoires qui seront cédés aux troupes de l’EAC, élargissant ainsi la zone tampon”. Une situation qui inquiète les forces vives du Nord et Sud-Kivu.
Les organisations de la société civile des deux provinces vulnérables menacent d’entamer des manifestations “non-stop” pour contraindre le gouvernement congolais et la force sous-régionale à lancer les hostilités contre les rebelles du M23 qui assiègent des entités du territoire de Rutshuru depuis mi-juin 2021. La société civile constate qu’en dépit de toutes les exactions perpétrées par le M23, les autorités congolaises ainsi que l’EAC restent passives et prennent part à des cérémonies de “façade” dites de “retrait du M23” alors que les terroristes maintiennent toujours leurs positions.
“Cessez de dorloter les terroristes du M23 au détriment des milliers de vies humaines en errance”, ont lancé les activistes le jeudi 12 janvier 2023. “Prenant la communauté nationale et internationale pour témoin de la volonté délibérée à maintenir la population dans les violences armées par le Rwanda et ses complices, les animateurs de la société civile rappellent qu’ils ne vont pas rester observateurs de la situation et par conséquent, ils annoncent que dépasser le 15 janvier sans solution, ils vont appeler la population à des soulèvements populaires illimités contre tous ceux qui ne veulent pas trouver une solution à la guerre qui a duré plus de 2 décennies”, ont-ils averti dans le communiqué conjoint du 12 janvier 2022.
Un sénateur américain annonce la balkanisation
Comme il fallait s’y attendre, un sénateur américain, John Boozman, cité par James Musafiri Mukendi dans un tweet, vient de déclarer : “Au stade actuel, ce serait un rêve de voir l’armée congolaise récupérer les zones actuellement occupées par le M23. Que l’ONU commence déjà à réfléchir sur le statut à donner à ces zones afin de permettre à ces populations victimes de reprendre leur vie!“, a-t-il écrit jeudi. Corneille Mulumba interpelle les partis politiques et organisations de la société civile qui se recroquevillent dans un silence à la limite de la complicité, pire, de la haute trahison. Pour le pionnier Udps, les 16 et 17 janvier, les Congolais se sont remémoré les patriotes Mzee Laurent-Désiré Kabila et Patrice-Emery Lumumba, dates qui devraient pourtant être mises à profit pour manifester le ras-le-bol du peuple congolais.
De son côté, Justin Bitakwira attire l’attention de Félix Tshisekedi sur la complicité des puissances occidentales. Notable du grand Kivu, l’ex-ministre du Développement rural n’y va pas par le dos de la cuillère pour mobiliser la nation congolaise à barrer la route à la balkanisation de la République démocratique du Congo. “Je lance un message pathétique à Monsieur le président de la République qui a réitéré son serment constitutionnel de défendre l’intégrité de la République démocratique du Congo et qu’il est temps, il est grand temps de mobiliser l’ensemble du peuple congolais contre le plan de balkanisation de notre pays. Parce qu’apparemment en suivant ce tweet, on veut transformer la RDC à l’exemple du Soudan et de tous les pays qui ont été déchirés et abattus par ces Occidentaux”, a-t-il fait remarquer sur la radio Top Congo FM.
“Cela n’arrivera pas”, prévient Justin Bitakwira qui soupçonne une main noire derrière cette invasion étrangère. “Mais il y a mauvaise coïncidence politique. Nous avons vu le facilitateur kényan Uhuru Kenyatta recevoir les officiels du M23 au même jour du tweet de ce sénateur américain”, fait-il observer. Tant que le peuple congolais sera debout, aucun millimètre carré de notre pays ne sera balkanisé, poursuit-il. Et d’exhorter “que nos militaires au front soient considérés mieux que les médecins, mieux que les professeurs, mieux que les députés au nom de la défense de notre territoire. Il faut qu’il y ait un traitement spécial”, insiste Bitakwira.
Le notable de l’est estime qu’il est aussi temps que les Congolais discutent de la présence des forces de l’EAC qui sont venues non pas comme à l’époque de Mzee où le Zimbabwe, la Namibie ou le Tchad avaient volé au secours de notre pays, mais apparemment elles sont là comme des troupes accompagnatrices de la balkanisation du Congo. “Il faut qu’on mette la question sur la table. Pas question d’opposition, pas question de majorité, considérons-nous tous comme un seul homme pour défendre l’intégrité de notre pays”.