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Biselele et Kabund manquent de s’écharper à Makala

Fortunat Biselele et Jean-Marc Kabund ont failli en venir aux mains à la prison de Makala. Les choses ne se sont pas envenimées en raison du calme affiché par le nouveau venu qui a choisi le parti de faire profil bas devant les piques lancées par un Jean-Marc Kabund survolté. “Bifor” s’est enfermé dans sa cellule, avant d’être délocalisé le samedi 21 janvier aux premières heures, vers le pavillon 1.

Par Ouragan

Fortunat Bisele, ex-puissant conseiller privé de Félix Tshisekedi et Jean-Marc Kabund, ancien très proche collaborateur du président Félix Tshisekedi et vice-président honoraire de l’Assemblée nationale, tous les deux détenus à Makala @Photo Droits tiers.

publié le 24 janvier 2023 à 07:05:00

La première nuit de Biselele à Makala n’a pas été de tout repos. Aussitôt arrivé à la prison dans la soirée de vendredi et acheminé au célèbre pavillon 8, celui des VIP, il a été la cible des attaques verbales de Jean-Marc Kabund qui l’y avait précédé six mois plus tôt. L’ancien vice-président de l’Assemblée nationale n’aurait pas apprécié la présence de l’ex-tout-puissant conseiller privé du chef de l’État dans son environnement immédiat. Le leader de l’Alliance pour le changement a tempêté toute la nuit, réclamant à tue-tête des gardiens la relocalisation de Biselele, rapportent des sources proches de l’établissement carcéral.

Au lever du jour, samedi, Kabund a continué à maugréer auprès des responsables du pavillon pour la proximité imposée de “Bifort” à ses côtés, tout en insistant sur le fait que ce dernier est son “pire ennemi”. Car il aurait été pour beaucoup, a-t-il affirmé, dans son arrestation et sa mise à l’écart dans le système UDPS, a-t-on appris des sources internes à la prison.

Biselele, est souvent présenté comme l’homme des réseaux rwandais, du fait de son appartenance jadis au service des renseignements du RCD/Goma ouvertement soutenu par Kigali. En tête, Kabund l’affirme haut et fort. “Le Seigneur de la rue (Kabund ndlr) ne supporte pas la proximité du dernier banni de la cour Tshisekedi”, a confié l’un de leurs codétenus, lui aussi politicien, surpris par la gravité de l’inimitié entre les deux hommes. Il faut reconnaître que la direction de la prison avait été malencontreusement inspirée en plaçant presque côte à côte les deux anciens monstres sacrés du sérail tshisekediste. Une cellule seulement séparait les quartiers de deux hommes.

Kabund et Biselele séparés

Finalement, pour éviter un affrontement ouvert et sanglant, la direction de la prison a résolu de réinstaller Biselele au pavillon 1. Ironie de l’histoire, ce dernier, accusé d’avoir été à la base de l’arrestation de François Beya, ancien Monsieur sécurité de Tshisekedi en février 2022, occupe désormais la cellule de sa “victime”. Les pensionnaires trouvés sur place, ont vite été priés de plier bagage et ont été réinstallés ailleurs. Il fallait laisser la place à ce prisonnier de luxe de prendre confortablement possession de la chambre rendue vivable par Beya. Des sources recoupées indiquent d’ailleurs que les malheurs de Biselele remonteraient en réalité du temps de l’ancien chef du Conseil national de sécurité (CNS) François Beya qui, pour avoir voulu empêcher une affaire de concession minière en Ituri, a été accusé de complot et d’outrage au chef de l’État.

Chemin de croix pour “Bifor”

Déchargé de sa fonction de conseiller privé du chef de l’État le 14 janvier, puis détenu plus d’une semaine dans les locaux de l’ANR, Biselele est poursuivi notamment pour atteinte à la sûreté de l’État, espionnage et propagation de faux bruits. Dans un article publié par Africa Intelligence, Fortunat Biselele “est suspecté aussi de collusion avec le pouvoir rwandais de Paul Kagame”. L’ex-conseiller privé du président congolais avait tenté de “rapprocher Kinshasa de Kigali au début du mandat de Tshisekedi”, avant que les choses ne se gâtent aujourd’hui.

La chute de l’ex-tout puissant conseiller, suivie de celle de plusieurs autres membres du cabinet présidentiel révoqués, augure d’une redéfinition de la politique interne de Félix Tshisekedi, mais aussi d’un recadrage radical des contrats liant la RDC aux investissements étrangers, particulièrement chinois, conclus sous le régime de son prédécesseur, Joseph Kabila. Mais surtout, le limogeage de Biselele est une mise en garde claire adressée à ses nombreux collaborateurs reconvertis dans un affairisme outrancier, allant jusqu’à l’extorsion à grande échelle des investisseurs dans le secteur minier.

Le glas a sonné donc pour celui qui se présentait en homme-orchestre dans les négociations avec le Rwanda, affirmant dans l’émission du journaliste Alain Foka des réalités que sans doute le Palais de la Nation n’aurait pas souhaité voir portées sur la place publique.

En début d’année, lors des cérémonies de présentation des vœux, plusieurs patrons d’entreprises minières se seraient plaints de difficultés qu’ils éprouvaient à accéder aux autorités, mais surtout, à satisfaire les demandes financières des conseillers du chef de l’État. Parmi les personnes les plus citées, Fortunat Biselele, Dany Banza, ambassadeur itinérant du chef de l’État et Jean-Claude Kabongo (JCK).

Avec “Bifor”, ce dernier se serait immiscé dans la plupart des grands dossiers d’affaires, s’imposant comme un interlocuteur incontournable des opérateurs économiques. Leurs pratiques auprès des opérateurs miniers, confirmées par l’ANR, ont été discrètement remontées jusqu’au chef de l’État qui a fait éplucher les dossiers bancaires, de même que des montages financiers qui confirment les soupçons d’enrichissement illicite.

Au terme de l’enquête, il s’avère que les comptes de “Bifor” sont étonnamment crédités de centaines de milliers d’euros, l’homme privilégiant, semble-t-il, le cash. Des millions de dollars ont été découverts à sa résidence après la perquisition des agents de renseignement. Le malheur ne venant jamais seul, Biselele devrait par ailleurs faire face aux accusations dans le cadre sécuritaire. Plus grave, il serait suspecté, malgré l’agression, d’être toujours de mèche, avec le pouvoir rwandais. Une proximité qui remonterait au temps de son appartenance à la rébellion du RCD soutenue par Kigali, et qui l’aurait formé au renseignement. Finalement, ses relations se seraient détériorées à la suite du rapprochement de Kinshasa avec Kampala en 2021.

Fortunat Biselele solliciterait déjà une mise en liberté provisoire

Interpellé une semaine à l’ANR, Fortunat Biselele, transféré vendredi à la prison de Makala, après six heures d’audition au parquet de la Gombe à Kinshasa, souhaite demander la liberté provisoire. Au regard de l’importance et de la gravité des faits portés à sa charge, selon une source judiciaire, il serait difficile qu’il bénéficie de cette mesure à moins que la “Haute hiérarchie”, selon la formule consacrée, en décide autrement. Ce qui ne serait pas le cas présentement. Une chose au moins est sûre : le chemin de croix de Biselele n’en est qu’à ses débuts.

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