L’enrôlement de Katumbi, c’est tout un message. La marche vers le Palais de la Nation commence déjà. Elle sera parsemée de diverses embûches, mais la détermination du leader d’Ensemble ne montre aucun signe de fébrilité. Carte d’électeur brandie à l’immense foule de militants dans la cour de l’école Bwakya, à un jet de pierre de la paroisse Marie des pauvres, dans la commune de la Ruashi, Katumbi s’est félicité d’avoir accompli son devoir civique.

Il a appelé ses millions de soutiens à faire comme lui pour avoir le 20 décembre 2023, la décision de trancher, mais surtout, de barrer la route à la fraude et d’annihiler toute tentative de tricherie. “En participant au vote, vous prenez le destin du pays en main”, a-t-il rappelé. La situation actuelle le désole. Il faut une nouvelle gouvernance, explique Espérance Ramazani, un cadre d’Ensemble pour qui l’Udps et son chef ont totalement échoué.

Katumbi se lance dans la course

Après son enrôlement, le débat sur la prétendue nationalité est définitivement clos. Seuls les Congolais ont droit à la carte. Il l’a eue et personne ne pouvait l’empêcher même pas la CENI, a tempêté un cadre Ensemble qui parle de la médisance mal placée. Désormais, le leader d’Ensemble va sillonner le Congo profond. Autant ses autres challengers le font, autant lui aussi se doit de poursuivre son safari dans la partie ouest du pays. Kongo central, grand Bandundu et Équateur avant l’espace grand Kasaï sont déjà inscrits dans son agenda.

“L’homme est adulé partout au pays ; tout ce qu’il touche lui réussit”, a expliqué l’un de ses bras droits. Avec Katumbi, il n’y aura pas de problème de carnet d’adresses, ironise-t-il en se référant à Biselele qui a humilié le pays en vantant le régime despotique de Kagame. “Katumbi, lui-même, est un passe-partout ; il entre dans toutes les grandes cours du monde et pénètre dans les palais décisionnels les plus réputés en occident”, disait un ancien diplomate européen. Dans son entourage, on met en avant son pragmatisme qui tranche avec la bureaucratie et les promesses illimitées des dirigeants actuels.

Tshisekedi coincé pour gommer Katumbi de la présidentielle de 2023

Si, en 2018, Moïse Katumbi avait été empêché par Kabila de briguer la magistrature suprême, le régime Tshisekedi aura du mal à trouver un prétexte pour justifier sa mise à l’écart. Le monde ne le permettra pas, avertit un responsable d’une organisation des droits de l’homme qui dit “stop” à la discrimination. De toutes les façons, les Congolais, dit-il, ont besoin de changer leur quotidien. Le moment fatidique de défendre le bilan arrive bientôt.

Au quartier général d’Ensemble à Kinshasa, on assure que Katumbi aura l’occasion de dérouler son convaincant projet de société aux Congolais. Il le répète d’ailleurs à l’envi : “Changer le Congo est un problème de volonté politique”. Riche homme d’affaires, il n’arrivera pas au pouvoir pour se remplir les poches comme font les autres, précise un élu Ensemble de l’Ituri. Pour lui, la chance est donnée au pays de tourner la page de la souffrance et de la misère.

“L’ère Katumbi ne va augurer que d’un avenir meilleur”, a-t-il ajouté. Dans l’est du pays, le désespoir s’est installé. L’état de siège a échoué, le M23 et l’armée rwandaise poursuivent la conquête des territoires du Nord-Kivu, les Adf continuent à égorger les paisibles populations ; bref, Tshisekedi n’a pas tenu sa promesse de pacifier le pays, hurle un notable du Nord-Kivu décidé à orienter cette fois-ci l’opinion kivutienne sur un choix plus rationnel et non propagandiste.

Le président @moise_katumbi s'est enrôlé ce #26Janv2023 à #Lubumbashi ! pic.twitter.com/jmoeykLRTF

— Ensemble pour la République (@Ensemble_MK) January 26, 2023

Assez, le Congo mérite mieux

Au Congrès d’Ensemble en décembre 2022 à Lubumbashi, Katumbi avait exprimé son dépit de voir le pays sombrer à cause de gouvernances non éclairées, conduisant toute une nation dans le gouffre. Pour lui, l’heure a sonné pour redonner aux Congolais le sourire. “Ma vision est la vôtre, mon ambition est de rendre le Congolais fier de son pays. Sortir le Congolais de la pauvreté qui est devenue une honte. Chers frères et sœurs, je suis un homme d’action[…]”, avait-il harangué les participants et d’autres invités. “De vive voix, il s’était engagé, de bâtir un État juste, une République exemplaire où chacun pourra vivre en sécurité et dans la dignité, par le fruit de son travail”.

Ambitieux, déterminé et guidé par la volonté de réussir son grand challenge, Moïse Katumbi se veut d’être celui qui sortira le grand Congo du bourbier actuel. Le pays est devenu la risée du monde, il n’est plus respecté ; pourtant, il a la vocation de jouer les premiers rôles dans la sous-région, en Afrique et dans le monde. Foi de Katumbi, la RDC fera entendre sa voix partout et elle sera audible. Le candidat Ensemble à la présidentielle de 2023 affiche sa détermination de redistribuer équitablement les revenus à la population. Il a hâte de briser cette spirale de détournements de deniers publics par des dirigeants politiques au détriment du peuple qui croupit continuellement dans la misère.

Des exemples sur sa gestion de l’ex-province du Katanga sont légion. De zéro dollar, il a laissé le budget de la province à plus d’un milliard. En plus, Lubumbashi qui était une ville poussiéreuse a changé de visage avec la construction de plusieurs routes, selon un agent de l’État. Avec son projet agricole, il avait réduit la dépendance du grand Katanga dans la consommation de la farine de maïs. Bref, il a réalisé beaucoup de choses, même si à l’époque, sa marge de manœuvre était limitée par le pouvoir de Kinshasa. D’ailleurs, les autres anciens districts de l’ancien Katanga à savoir le Lualaba, le Haut-Lomami et le Tanganyika gardent encore de bons souvenirs de Katumbi.

Ce n’est pas pour rien que Vital Kamerhe, alors président de l’Assemblée nationale sous Kabila, aujourd’hui premier partenaire politique de Félix Tshisekedi, avait loué à l’époque Katumbi, appelant d’ailleurs avec insistance les autres gouverneurs à se rendre dans l’ex-Katanga pour “passer un stage”. Déjà, à ce moment-là, VK avait cru en l’homme, en sa capacité d’action et en son pragmatisme pour réaliser de grandes choses. “Aujourd’hui, Kamerhe ne dira pas le contraire, il connaît bien Katumbi et sa puissance”, insiste un cadre de Lamuka favorable à la candidature du boss du TP Mazembe.

Le débat du “qui a fait quoi, où, quand et comment” va, dans les jours à venir, cristalliser l’opinion. Katumbi va s’appuyer sur son bilan élogieux à la tête de l’ancienne province du Katanga pour dire aux Congolais, au niveau national, qu’il fera plus. Et il tiendra parole. Un ancien dirigeant sportif kinois pense que l’ex-Gouv’ possède tous les atouts pour remporter la prochaine présidentielle après l’échec cuisant de Tshisekedi fils.