Le Rwanda, c’est un Etat voyou, a affirmé le 1er vice-président de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo. Intervenant dans une émission télévisée le samedi 3 décembre 2022 sur la RTNC, à l’occasion des trois journées de deuil national suite aux massacres des populations civiles de Kishishe par les troupes rwandaises du M23, le professeur André Mbata Betukumesu Mangu a haussé le ton. “Le Rwanda est un État qui tue et massacre la population. Quelle leçon de démocratie Kagame peut-il nous donner ? Le Rwanda, non seulement, c’est un État voyou, mais c’est aussi un État policier”, a-t-il insisté.

Le Rwanda, une démocratie de façade

En 2003, Paul Kagame change la Constitution. Puisque depuis 1994, c’est toujours Paul Kagame qui dirigeait en plaçant des marionnettes à la tête des institutions du pays, a expliqué André Mbata. “En 2015 également, il modifie la Constitution. De quelle démocratie parle-t-il ? Beaucoup de gens ne le savent pas, la Constitution du Rwanda de 2015 stipule que les membres du Parlement rwandais qui est bicaméral comme chez-nous, prêtent serment devant le président de la République. La séance inaugurale de l’Assemblée nationale et de la Chambre des représentants est présidée par Paul Kagame. En plus, les membres du bureau des deux Chambres du Parlement prêtent également serment devant le président de la République. C’est quelle démocratie ça ?”, s’est demandé le 1er vice-président de la Chambre basse du Parlement congolais. L’élection présidentielle rwandaise du 4 août 2017 a consacré Paul Kagame avec 98,68% des résultats de vote, rappelle-t-il. Une catastrophe électorale. Jusqu’à se redémander : “Au Rwanda, est-il possible d’interviewer librement une autorité politique?”. D’après André Mbata, le multipartisme n’est reconnu que sur papier: “au Rwanda, il n’y a aucun parti politique de l’opposition”.

À chaque fois qu’ils veulent aller aux élections, Paul Kagame fabrique des partis politiques de son opposition, ajoutera-t-il. “Il n’y a pas de démocratie, il n’y a pas de liberté, voilà le pays qui dirige la Francophonie. L’Union européenne qui fait le tour des institutions congolaises, pourquoi ne va-t-elle pas demander des garanties à Paul Kagame pour les élections de 2024?”, a-t-il vitupèrement enchaîné. “Au Rwanda, c’est une seule ethnie qui dirige représentant 30% de la population, l’ethnie Tutsi”, a dit André Mbata.

Le problème de la RDC, c’est aussi sa démocratie populaire

André Mbata ne pardonne pas la suffisance du dirigeant rwandais. Pour lui, Paul Kagame a franchi le rubicon. “Donc, il est chez lui et vient interférer dans les affaires congolaises. L’opposition rwandaise doit se lever. Car les élections sont programmées en 2024 et je suis sûr qu’il va encore se représenter”, a déclaré le constitutionnaliste congolais. Mbata fait observer que le bavardage du dirigeant rwandais ouvre la voie aux Congolais de la RDC de s’occuper suffisamment du Rwanda et de sa politique. “Le président Paul Kagame nous a beaucoup aidé de commencer à parler de la démocratie au Rwanda. Il veut rester au pouvoir jusqu’en 2030”, a-t-il mentionné. Le problème de Félix Tshisekedi, c’est d’être démocrate, explique M. Mbata. “Notre malheur, ce ne sont pas seulement les richesses naturelles, mais ce sont aussi nos valeurs démocratiques. Les pays démocratiques ne se font pas la guerre. C’est l’hypocrisie de la communauté internationale”, note encore le 1er vice-président de l’Assemblée nationale.

Ramener les terroristes d’où ils sont venus

Nous devons nous battre pour mettre fin à cette agression rwandaise, a poursuivi André Mbata Betukumesu Mangu. “Nous devons mettre fin à cette aventure de Paul Kagame. Nous nous battrons par tous les moyens pour pacifier notre pays”, a rassuré ce cadre influent du parti présidentiel. Sur le plan du retour de la paix, le vice-président Mbata annonce que la République démocratique du Congo s’organise pour que son armée ramène les terroristes d’où ils sont venus. “Et en ce moment-là qu’on ne dise pas qu’on a traversé les frontières du Rwanda. Et cette fois-ci, il n’y aura pas que des Sukhoï 25. Il n’y aura pas un ou deux Sukhoi 25. Si Paul Kagame ne met pas fin à ses aventures, il y en aura plusieurs et on va traverser la frontière. Nous allons exercer le droit de poursuite”, a-t-il averti. Si des solutions politiques ne sont pas au rendez-vous, la RDC ne va pas se limiter aux marches pacifiques, ni aux déclarations. Mbata de prévenir : “que les pays occidentaux qui soutiennent le Rwanda ne viennent pas nous dire d’arrêter. Nous en avons marre, le peuple congolais en a marre”, a-t-il conclu l’émission de sensibilisation contre la balkanisation de la République démocratique du Congo.