Le secrétaire général à l’agriculture, José Ilanga a précisé à l’ouverture des travaux que l’objectif principal était de doter le pays d’un Plan d’action national de la Décennie des Nations unies pour l’agriculture familiale (DNUAF) pour converger les investissements vers les Objectifs de développement durable (ODD). Le chef de l’État, Félix Tshisekedi, avait officiellement confirmé l’adhésion de la RDC à la Décennie des Nations unies pour l’agriculture familiale (DNUAF), lors de son intervention au sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires convoqué le 23 septembre 2021 par Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies.

Pour M. Ilanga, ce Plan d’action national traduit la volonté manifeste du gouvernement congolais à travers le ministère de l’Agriculture, d’œuvrer pour la cohérence et l’efficacité des programmes de différentes initiatives visant à mettre à profit le secteur agricole dans le long processus de développement socio-économique. Il a rappelé que l’Assemblée générale des Nations unies, lors de sa 72ème session, à travers la résolution du 20 décembre 2017, a proclamé la période 2019-2028 Décennie des Nations unies pour l’agriculture familiale (DNUAF). Elle vise à susciter un engagement politique fort au niveau national, régional et mondial. Il s’agit de contribuer à créer un environnement propice, à accompagner et à soutenir les agriculteurs familiaux. Le SG de l’Agriculture a, par ailleurs, fait savoir que le Plan d’action national vise à stimuler une croissance annuelle de 6% et à promouvoir l’agriculture familiale dans le but de réduire la pauvreté, générer l’emploi et augmenter la productivité en milieu rural et péri-urbain mais surtout à assurer la sécurité alimentaire.

Pour sa part, le secrétaire technique du Comité national pour la promotion de l’agriculture familiale en RDC (CNPAF), Sylvain Ntumba a exprimé sa grande satisfaction de voir le plaidoyer mené par les organisations paysannes et les ONG qui les accompagnent, être entendu, soulignant que le lobbying a porté principalement sur l’intérêt que le pays doit avoir par rapport à la Décennie des Nations unies pour l’agriculture familiale. “Le président de la République a adhéré à l’idée et a déclaré clairement de soutenir les agriculteurs familiaux. Le pays a ainsi adhéré à la Décennie des Nations unies pour l’agriculture familiale. Mais cela ne suffisait pas, il fallait qu’il y ait un Plan d’action national et nous avons réellement milité pour atteindre cet objectif. Le gouvernement, à travers le ministère de l’Agriculture, a saisi la FAO. Aujourd’hui, la RDC se dote de ce Plan d’action national de la Décennie pour l’agriculture familiale”, a-t-il expliqué. Ntumba espère voir ce plan, une fois mis en oeuvre, bénéficier des moyens conséquents et aussi avoir une institution qui pourra le porter. A ses yeux, ce document permettra d’éradiquer la faim au pays, relevant que la DNUAF 2019-2028 constitue l’un des piliers dans l’attente des ODD.

Le Plan d’action national est donc un guide destiné à développer les réglementations qui serviront à soutenir les agriculteurs familiaux. Le prof Ntoto M’vubu Roger, expert agro-économiste et consultant à la FAO a, dans son exposé, assuré que le pays peut nourrir près de 2 milliards de personnes si l’agriculture familiale est au coeur des préoccupations et stratégies économiques du pays. Il a ajouté que la RDC est riche en ressources naturelles et environnementales, lesquelles constituent d’ailleurs de grands atouts capables de lui permettre d’avoir des systèmes alimentaires compétitifs et performants. Cet expert qui s’est investi dans l’élaboration de la stratégie nationale pour la Décennie de l’agriculture familiale en République démocratique du Congo, a relevé que le lien à établir entre le Plan d’action national de l’agriculture familiale et les systèmes alimentaires est qu’il faut avoir des systèmes alimentaires durables qui placent l’agriculture familiale au centre des préoccupations et qui permettent de garantir les besoins en alimentation, en donnant au moins 6% de croissance annuelle au secteur agricole et alimentaire. Question d’assurer également sa durabilité, c’est-à-dire tenir compte des générations futures. Il a précisé que ce document de stratégie présente une vision, celle d’avoir une agriculture familiale performante qui garantit l’offre alimentaire de manière à ce qu’on puisse réduire les importations et favoriser ainsi une croissance réelle du secteur agricole dans les 10 années à venir.

Après la validation technique du Plan d’action national, la prochaine étape sera la validation politique, a souligné le prof Ntoto. “Nous devons avoir une matinée d’échanges avec des décideurs politiques de très haut niveau afin de discuter avec eux sur le document et dégager une feuille de route”, a-t-il insisté, avant de rappeler que ce cadre débouchera aussi une table ronde avec des bailleurs de fonds étant donné que le financement de ce plan est évalué à hauteur de 4,5 milliards de dollars américains.