Il y avait urgence, au regard des derniers développements de la situation sécuritaire dans le Nord-Kivu principalement, avec la recrudescence des combats entre les FARDC et la rébellion du M23 appuyée par l’armée rwandaise sur fond du rôle trouble joué par l’Ouganda accusé de duplicité par la société civile du Nord-Kivu. L’arrivée imminente du contingent kényan ne laisse pas de faire planer un certain doute, et pour cause. L’officier général arrivé en équipe d’avance avait laissé entendre que les troupes de Nairobi n’étaient pas appelées à engager le combat contre le M23. Leur rôle se limitant à établir une zone tampon afin d’éviter un accroissement des violences préjudiciables aux populations civiles.

Vue sous le prisme strict des intérêts du Kenya, il faut considérer la contribution du port de Mombasa à l’économie de ce pays d’Afrique de l’Est. Principale porte d’entrée des marchandises destinées au vaste marché congolais, Mombasa subit le contrecoup de l’instabilité dans les grands centres urbains de l’Est congolais. Le manque à gagner se compterait en dizaines de milliers de dollars quotidiennement.

D’autre part, l’arrivée massive des investissements kényans dans le secteur bancaire devrait inciter Nairobi à plus de fermeté vis-à-vis de l’Ouganda et du Rwanda qui, depuis un quart de siècle, entretiennent des rébellions-business en terre congolaise dans un mécanisme de pillage systématique des ressources naturelles. Encouragés, il est vrai, par une instabilité politique chronique en RdCongo. C’est dans cette perspective que le Rwanda est compté parmi les grands exportateurs de coltan, alors que l’Ouganda s’enorgueillit de l’une des meilleures raffineries de minerai aurifère. Des ressources que ni l’un ni l’autre ne peuvent prouver des réserves reconnues mondialement. Au nom de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est et la zone de libre-échange africaine, le régime de Nairobi se croit de ce fait fondé à prendre sa part de l’énorme vivier de consommateurs qu’au cœur de l’Afrique.

Mwin Murub Fel