Nous condamnons fermement cette attaque attribuée à des éléments issus du groupe terroriste ADF dont le bilan humain provisoire est de sept personnes tuées, y compris la sœur Docteur Marie-Sylvie Kavuke Vakatsuraki, qui a perdu la vie avec ses malades alors qu’elle était de garde au sein du Centre sanitaire de Référence de Maboya géré par le Bureau diocésain des oeuvres médicales du diocèse de Butembo-Beni, s’est indigné dimanche le Nobel de la paix 2018.

Le gynécologue déplore également le pillage et l’incendie de plusieurs maisons ainsi que la destruction de l’hôpital de la Communauté Baptiste du Centre de l’Afrique, situé à proximité du centre de santé de référence de Maboya, au cours de laquelle une personne a perdu la vie. “Ces crimes odieux ne peuvent rester impunis et nous exhortons les autorités congolaises à diligenter une enquête afin que les responsables répondent de leurs actes”, a déclaré Denis Mukwege. Pour ce médecin réputé dans la prise en charge des victimes des violences faites à la femme notamment, les hôpitaux ne peuvent en aucun cas être une cible. Il rappelle que le personnel soignant et les malades doivent être protégés en toutes circonstances.

Cet énième crime de guerre s’inscrit dans la lignée de l’attaque de l’Hôpital de Lemera commis le 6 octobre 1996 et par lequel a commencé le règne de l’impunité dont jouissent les auteurs et les commanditaires de ce crime grave, rappelle-t-il. “Le massacre de Lemera est répertorié et décrit dans le Rapport Mapping publié par les Nations unies en 2010”, martèle le médecin directeur de l’hôpital de Panzi qui souligne que l’absence de réponse de la justice tant nationale qu’internationale face à ces violations flagrantes des droits humains et du droit international humanitaire, alimente la répétition des attaques sur les structures sanitaires jusqu’à aujourd’hui.

Mukwege ne lâche pas, il faut une justice pour les victimes

Le temps est venu de mettre en œuvre les recommandations du Rapport Mapping et d’adopter une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle pour briser le cycle infernal de la violence et de l’impunité qui détruit chaque jour le Congo, a rappelé le Prix Nobel de la paix. Denis Mukwege soutient fermement que “la justice est un impératif pour consolider l’état de droit et prévenir la répétition des atrocités de masse qui endeuillent chaque famille congolaise depuis plus d’un quart de siècle”.

Le scientifique transmet ses condoléances aux familles des victimes et à leurs proches, à l’Ordre national des médecins, à la Congrégation des Petites Sœurs de la présentation de Notre Dame au temple de Butembo et à Mgr Sikuli Paluku Melchisédech, l’Évêque du Diocèse de Butembo-Beni. “Mukwege invite d’ailleurs tous les médecins exerçant en RDC à manifester pacifiquement le jour de l’enterrement de la Sœur Docteur Marie-Sylvie Kavuke Vakatsuraki afin d’exprimer leur indignation face à ce crime qui menace l’exercice de leur profession et qui ne peut passer en aucun cas comme un simple fait divers”, a-t-il insisté. Le Nobel conclut son message par un appel patriotique : “Peuple congolais, mets-toi debout et marche. Prends ton destin en main”, fin de citation.