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Glissement : Bienvenu Matumo projette déjà une “transition sans Tshisekedi” après 2023

Le chercheur et un des ténors du mouvement citoyen Lucha, Bienvenu Matumo partage l’avis du Groupe d’études sur le Congo (GEC) de l’Université de New York, selon lequel le processus électoral en République démocratique du Congo est mal embarqué et les risques de tensions sont réels.

Bienvenu Matumo, chercheur et membre influent du mouvement citoyen Lutte pour le changement (LUCHA) @Photo Droits tiers.

publié le 27 octobre 2022 à 06:32:56

Dans un entretien mercredi avec Africa Radio, il fait part des signes inquiétants relevés dans le rapport de GEC, entre autres les ratés dans la réforme de la Loi électorale et dans la désignation des animateurs de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ainsi que l’absence du calendrier électoral à 14 mois de ces échéances, disant entrevoir les risques des violences. Matumo met surtout en garde contre toute tentative de glissement et envisage, dans pareil cas, une transition sans Tshisekedi. Selon lui, une transition sans Tshisekedi sera mise en place si les élections de 2023 ne sont pas organisées dans le délai constitutionnel. Cette transition, avise-t-il, sera pilotée par une personnalité neutre issue de la Société civile afin de conduire le pays aux élections post-transition. Entretien.

Africa Radio : Vous êtes chercheur et membre de la Lucha, nous allons aborder avec vous le processus électoral qui serait mal embarqué selon un groupe, un Groupe d’étude sur le Congo de l’Université de New York. Pour eux, il y a des risques de violentes protestations. Est-ce que vous partagez l’avis de ce groupe d’études alors ?

Bienvenu Matumo : Je partage entièrement les inquiétudes qui sont exprimées dans ce rapport de GEC parce que j’estime qu’il y a des ratés qui ont été observés dans la façon de réformer la Loi électorale, dans la façon de mettre en place les animateurs de la Commission nationale électorale. Et j’ai vu beaucoup d’acteurs congolais, notamment politiques et même des militants de la Société civile, exprimer les inquiétudes qu’ils ne se retrouvaient pas dans le processus qui a été engagé par le régime de Kinshasa. Donc cela signifie que le processus électoral qui est en cours et qui va déboucher aux élections risque évidemment d’être émaillé par des protestation et des contestations. Et moi, j’ai peur qu’il y ait des violences électorales parce que tel que je vois la fièvre électorale, la tension qu’il y a au Congo à ce moment, je ne pense pas que des candidats acceptera que ses votes ne soient volés. Et donc c’est extrêmement grave de savoir que tout le monde est mobilisé pour que finalement les élections se tiennent parce qu’il y a une vraie soif de la part de la population pour sanctionner les dirigeants qui n’ont pas réussi à améliorer les conditions de vie de ces populations. Il y a aussi une vraie volonté des acteurs qui supposent avoir été écartés en 2018, notamment le cas de Moïse Katumbi qui a été écarté pour des raisons politiques, ou alors des personnes comme Martin Fayulu qui continue à réclamer la victoire. Ils estiment que c’est une période ou bien c’est un moment important pour prendre la revanche et évidemment récupérer le pouvoir qui leur appartenait. Et donc, cette action-là montre clairement que personne ne veut rester à l’écart du processus.

Au même moment, des acteurs politiques et des militants de cette ville expriment des inquiétudes parce que le processus électoral tel que mené aujourd’hui par le pouvoir n’est pas inclusif, n’est pas transparent et tout le monde qui observe ce qui se passe en Afrique et au Congo particulièrement peut arriver à cette conclusion selon laquelle le processus est mal parti et les risques, les tensions sont bien réels.

Au-delà du risque des tensions, il y a aussi la question du calendrier électoral. Est-ce que vous pensez que les élections vont se tenir comme prévu fin 2023 au Congo, en RDC ?

Moi, en tant que Congolais, je souhaite absolument que les élections se tiennent. Et en tant que militant de Lucha, je pousse pour que ces élections se tiennent. Mais j’observe tout simplement que la commission électorale n’a pas encore publié le calendrier électoral qui, à mon sens, c’est la boussole nécessaire pour savoir où est-ce que nous allons et pour savoir comment les acteurs vont se préparer. C’est en fonction du calendrier électoral. Mais à quatorze mois des élections, il n’y a pas toujours ce calendrier-là, ça inquiète énormément. Est-ce qu’il y aura des élections? On ne sait pas. Mais moi, je reste optimiste que les élections vont se tenir. Mais évidemment, elles seront peut-être émaillées de violences ou bien ne seront pas bien organisées parce que les acteurs ne sont pas dedans. Et je pense aussi que le pouvoir en place a tout intérêt d’organiser ces élections à la fois pour espérer avoir notre mandat, Tshisekedi veut rester Président de République et deuxième chose, c’est aussi continuer à avoir une certaine légitimité. Sinon, s’il n’y a pas élections, le discours est clair.

J’ai entendu beaucoup d’acteurs politiques dire que ça sera une transition sans Tshisekedi parce qu’il aura montré ses incapacités à organiser des élections et par conséquent, il n’y a pas une logique politique qui peut lui permettre de rester président de la République. Même si il y a une jurisprudence au Congo qui fait que même au-delà de son mandat, on reste toujours président de la République en se référant à l’article 70 de la constitution congolaise. Donc Kabila a essayé de mettre à plat cette pratique-là et donc s’il n’y a pas élections, naturellement, Tshisekedi voudra mobiliser cette disposition pour se maintenir au pouvoir. Mais les politiques et les militants congolais sont d’accord que s’il n’y a pas élections, il doit y avoir une transition qui sera pilotée par une personnalité neutre qui n’est pas Tshisekedi.

Quel bilan vous faites à quelques mois de la fin de ce quinquenat du premier mandat de Félix Tshisekedi ?

Il est très difficile d’établir un bilan rapidement. Mais ce qui me paraît important, c’est de noter quand même les secteurs dans lesquels Tshisekedi devrait avoir de bilan, il ne l’a pas obtenu, notamment la question de la sécurité à l’Est du pays. Tshisekedi avait juré, corps et âme, qu’il pourra ramener la paix dans la partie Est du pays mais 4 ans plus tard, il n’a toujours pas réussi à ramener la paix, en dépit des quelques mesures qu’il a prises, notamment l’état de siège ou le renforcement des troupes à l’est du pays, ou même la collaboration qu’il a que la mise en place avec les pays voisins, le Rwanda et l’Ouganda, et maintenant la communauté est africaine où les troupes vont venir. Mais il n’y a toujours pas la sécurité et les gens continuent à être tués. Les massacres se poursuivent et là cité de Bunagana, aujourd’hui continue à être occupée 127 jours plus tard par les M23 et l’autre question, c’est la question éducative. Il a promis de pouvoir améliorer notre système éducatif. Mais au-delà de la gratuité qui a été mal préparée et mal organisée, l’éducation n’a pas connue une amélioration quelconque. Les enseignants ne sont pas payés à temps, il y a des grèves qui sont partout, que ce soit au niveau de l’école primaire ou au niveau de l’enseignement supérieur, on voit des grèves de protestations et des contestations.

Merci beaucoup, Bienvenue Matumo. Merci d’avoir répondu à nos questions. Je rappelle que vous êtes chercheur et membre du mouvement La Lucha. Merci à vous.

Merci beaucoup.
Interview réalisée par Africa Radio tirée d’Africanewsrdc.net

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