Le communiqué de Billy Eraston Kambale Tsongo, secrétaire général de l’UNC parle tout simplement d’une visite du leader de son parti. Mais à bien observer les détails de son programme, Kamerhe veut consulter pour mieux comprendre les derniers développements de la crise sécuritaire des provinces de l’Est de la République démocratique du Congo. “Il livrera sa contribution pour la recherche d’une paix durable dans cette partie du pays”, précise Billy Kambale. Avant de confirmer cette tournée de grande sensibilité politico-sécuritaire, Vital Kamerhe a été reçu par les représentants fédéraux de son parti politique en Belgique. D’autres informations révèlent une rencontre à huis-clos avec le président Félix Tshisekedi à Bruxelles. Le tête-à-tête aurait permis à Kamerhe d’entreprendre sa mission de pacification.

Kamerhe évite-t-il Beni et Rutshuru-centre ?

Le programme de la visite de l’ancien directeur de cabinet du président de la République dans l’Est s’ouvre par la dynamique ville de Goma. L’UNC, son parti politique s’active et tient à réserver un triomphe à son leader. Seul bémol, Vital Kamerhe ne prévoit pas de passer par Beni, épicentre de la crise qui déstabilise la partie orientale de la République démocratique du Congo et même Rutshuru-centre, capitale du territoire du même nom et référence administrative de Bunagana, ville toujours aux mains des terroristes du M23 avec une participation nombreusement représentative des soldats rwandais. D’où, ce questionnement des militants pro-democratie. “Pourquoi Kamerhe tente-t-il de dévier les principaux objectifs de pacification immédiate de l’est du Congo ?”. A cette préoccupation, un cadre de l’UNC – Nord-Kivu assure qu’il s’expliquera sur ses choix. Le président de l’UNC, ancien président de l’Assemblée nationale est un parfait acteur de l’est, fils du Kivu et plusieurs fois sollicité pour résoudre les multiples facettes de la longue crise de l’Est. Ancien commissaire général chargé de suivi du processus de paix dans la région des Grands lacs sous Mzee Kabila, il a été président de l’Assemblée nationale, institution chargée (à l’époque) d’œuvrer à la stabilisation du Congo. Ministre de l’information sous l’ancien régime, Kamerhe est investi porte-parole de la Conférence sur la paix, la sécurité et le développement des provinces du Nord et Sud-Kivu à Goma avec l’implication des notables de l’ancienne Province orientale, du Maniema et du Tanganyika notamment. Vital Kamerhe est donc l’un des acteurs les mieux placés pour rencontrer les défis immédiats de cette partie du pays.

Kamerhe prévoit une deuxième tournée dans les Uélés, l’Ituri et le Tanganyika

Le pacificateur reprendra son bâton de pèlerin très prochainement pour une deuxième étape de la même mission, cette-fois-là, pour l’Ituri, le Haut-Uélé, le Bas-Uélé et la province du Tanganyika. Il s’agit là également d’une autre dimension de la même poudrière de l’Est. Si le Nord-Kivu est confronté aux agressions rwando-ougandaise, aux ADF et autres semeurs de troubles, l’Ituri où sévissent des combattants Codeco très habiles à la guérilla, est autant déstructurée par la guerre. “Des milices entretenues par des pays voisins qui leur fournissent allègrement armes, munitions et logistique de guerre”. Quant au Tanganyika, les Bakata-Katanga ainsi que d’autres Mouvements d’auto-défense locaux y pullulent. La tournée de Kamerhe s’entend être une approche de vérité pour la paix durable. Si les aspects de mobilisation à l’accueil sont du ressort totalement protocolaire, tout va se jouer au niveau du discours de circonstance. Le peuple n’a plus besoin de solution immédiate. Le peuple de l’Est est une société très alerte, civilisée et habitué aux va-et-vient des politiciens. Il veut entendre du neuf. Des solutions pratiques immédiatement exécutoires. Puisque les promesses politiques ne passent plus.

Kamerhe face aux défis politiques et sécuritaires du Sud-Kivu

Le programme de la visite du président national de l’UNC coiffe l’ensemble des territoires de sa province d’origine. Kabare, Walungu, Uvira, Idjwi, Mwenga. Des territoires aux spécificités sociopolitiques différentes. Depuis l’entrée dans cette province de l’armée burundaise, les plaintes ne se sont pas tues en rapport avec des cas d’insécurité. “Même si l’armée burundaise semble se satisfaire d’avoir mis en déroute des groupes armés locaux, les problèmes sécuritaires dans cette province restent entiers”, rapportent des acteurs de la société civile. Le cas des hauts plateaux d’Uvira où des groupes armés sèment terreur et désolation. Sur le plan politique, la province n’a jamais été véritablement stable. Chaque leader politique cherchant à bâtir son camp et son bloc. “Kamerhe réussira-t-il à fédérer tant de sensibilités sociopolitiques qui s’observent en chiens de faïence ?”, se demande un assistant de l’Université catholique de Bukavu. “VK est un animal politique, un vrai leader du coin, capable de surmonter les montagnes”, assure un notable très respecté de l’Est. Les résultats obtenus à la fin de son séjour donneront les indications pour les prochains scrutins.