Dans le cadre, bien entendu, du raffermissement des relations de son pays avec l’Afrique afin d’y consolider ses zones d’influence face aux prétentions russes et chinoises sur fond de la crise russo-ukrainienne. Non sans perdre de vue que le président français Emmanuel Macron s’est fait aussi le devoir de se rendre compte de ce qui reste à son pays comme pre-carré en Afrique.

En effet, après la fin de la guerre froide, le monde est en train de connaître la bascule du siècle, a dit l’historien israélien Adler. En termes clairs, une nouvelle carte géopolitique mondiale est en train de se dessiner. Alors que les Congolais devaient profiter de l’opportunité que leur offre le nouvel environnement international pour faire valoir leurs intérêts qui doivent s’enchevetrer avec ceux de certaines puissances qui veulent maintenir leur pays sous leur influence, à commencer par la quête d’un terme au martyre que leur fait subir le Rwanda (allié aussi de Washington) durant trois décennies, donnant ainsi lieu à un génocide sous silence qui ne dit pas son nom, non sans compter la guerre économique que nous impose de multinationales américaines, par devers elles certains pays, notamment le Rwanda, j’ai du mal à réaliser qu’il y a de ces compatriotes qui pensent que la question électorale, la corruption, le respect des droits de l’homme, voire l’état de siège sont l’apanage des Américains. Ils demandent donc à Antony Blinken, tels des adolescents, de résoudre ces problèmes qui relèvent pourtant du cadre régalien.

L’on oublie cependant que les USA ont connu aussi des ratés en matière électorale. Comment s’est passé le passage de Trump à Biden? L’élection de Trump lui-même a donné lieu à beaucoup de spéculations. Ses supposées accointances avec les Russes ont été même évoquées. L’on a oublié la réélection de Bush Junior.

Ce sont des crises qui ont été surmontées grâce au patriotisme américain. Les Congolais doivent en avoir aussi, et cela sur fond d’une vision qui doit leur faire découvrir leur vocation africaine et du monde. Dans ce monde qui change, quel rôle les Congolais vont-ils jouer? Alors sous-traitant de la puissance américaine dans la région de l’Afrique centrale, voire australe, le Congo aura été un des grands perdants après la guerre froide. A cause du rôle joué autrefois, une conspiration internationale a amené ses voisins (Rwanda, Burundi, Ouganda, Tanzanie, Angola) à se liguer contre lui par le cheval de Troie qu’aura été l’Afdl. Et cela suite à l’effondrement de l’État et l’immobilisme de la société.

Voilà que le monde se trouve une fois encore à la croisée des chemins, les Congolais ne savent toujours pas la route qu’ils doivent emprunter. Au lieu de mettre selon les enjeux les vraies cartes sur la table et indiquer à leurs partenaires leurs réels intérêts, ils se complaisent dans certaines choses, à la limite incongrues par rapport aux enjeux cruciaux du moment. Après les manifestations violentes contre la Monusco dans les Nord et Sud-Kivu avec près de 40 décès, les Congolais devaient faire bloc pour qu’il soit mis fin au sinistre rôle du Rwanda à l’Est de leur pays et s’engager contre la guerre économique et l’embargo contre les armes qui leur sont imposés. Malheureusement, il faut être Congolais pour disperser les efforts, diluer ses capitales revendications, et se révéler, à la limite, plaisantins ! C’est comme si les détracteurs de Tshisekedi pensent que ce sont les Américains qui vont le faire partir du pouvoir. Ils ont oublié que tous ces Occidentaux, qui se montrent favorables à lui aujourd’hui, étaient contre lui à son avènement au pouvoir. Il y a plus de probabilité que ces opposants se comportent comme l’opposition autrefois du temps de Kabila, lui laissant ainsi grandement ouvert le boulevard pour qu’il rempile en 2023. Qui d’entre eux ont évalué objectivement les processus électoraux antérieurs pour tirer des forces et des faiblesses afin de se préparer en conséquence ? En dehors de la polémique, je ne vois rien de sérieux.
J’ose croire, toutefois, que le gouvernement congolais ne va pas se contenter des broutilles. Sans chantage, les vraies questions devront être soulevées et des pistes de solutions envisagées et proposées. Il doit faire valoir, tout en promouvant la bonne gouvernance et en s’assumant sur le plan régalien, les intérêts nationaux dans la suite de ceux des USA. Pourquoi les USA ne peuvent pas aider au rétablissement de la paix à l’Est pour qu’il y ait restauration de l’Etat et un commerce équitable entre les deux pays ? Ce serait aussi un pas dans la voie qui mène au respect des droits de l’homme bafoués au jour le jour dans cette partie du pays. Ce serait aussi permettre au pays de disposer des ressources nécessaires à son développement. Ce serait… .

Moïse Musangana
Journaliste indépendant et analyste politique