L’exploitation faite des ressources minières de Walikale ne profite ni à l’entité territoriale, moins encore aux communautés locales, constate l’élu de Walikale. Les redevances sont, certes, payées par la société Alphamin Bisie Mining (ABM SA) au secteur des Wanyanga, mais, “le secteur ne connait ni la base des calculs de ces redevances, ni le type des minerais exploités sur le site”, rapporte le député provincial à l’issue de ses vacances parlementaires dans la contrée.

De même, fait-il constater, “les mouvements ou séjours des étrangers à Bisie ne sont pas contrôlés pour se rassurer de la régularité de leur présence sur le sol congolais et dans le territoire de Walikale en particulier”.

Que d’étrangers dans les mines de Walikale

Certains étrangers rencontrés dans les exploitations minières de Bisie, détiendraient des visas pour touriste alors qu’ils y sont pour le besoin de l’exploitation minière, révèle l’élu Prince Kihangi Kyamwami. Un flou qui illustre la désorganisation du secteur des mines dans le coin. Comment comprendre que des sujets étrangers, de toutes nationalités, quittent leurs pays respectifs, descendent à Goma et gagnent les sites miniers sans que l’autorité locale n’en décèle les identités et missions de ces derniers. Cette interprétation mérite d’être entendue par les autorités congolaises compétentes afin que ce secteur porteur d’espoir, soit de plus en plus florissant.

Walikale, capitale mondiale du coltan, en sous-développement chronique

L’exploitation minière artisanale ne contribue pas non plus au développement local, malgré la quantité des minerais y produite, décrit le rapport du député provincial Kihangi. “Les exploitants miniers artisanaux travaillent sans aucun suivi de leurs obligations sur le plan environnemental et social. Leur contribution au développement de Walikale est moindre, si pas inexistant”, informe-t-il. D’où, le besoin d’une réunion d’évaluation et de mise en place des nouvelles stratégies devant garantir un développement efficient de l’entité, proportionnellement aux richesses de son sous-sol.

Walikale enclavé

La grande problématique d’enclavement du territoire demeure, à quelques avancées près, décrit le rapport de mission parlementaire de Kihangi. Fin octobre 2021, le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général Constant Ndima, a confié à trois entreprises spécialisées, un marché de travaux d’ouverture de la route Sake-Masisi-Walikale. “Neuf (9) mois après, la route n’est pas totalement ouverte”, constate l’élu de Walikale. Même s’il est devenu aujourd’hui qu’il soit possible de quitter Goma, le matin sur une moto, et arriver à Walikale dans la soirée du même jour, contrairement à un passé récent. “Ces efforts du gouverneur militaire méritent d’être soutenus et appuyés par tous pour aboutir à des résultats escomptés qui amélioreraient les conditions de voyage sur cette route, l’évacuation des produits alimentaires et la réduction du prix des produits de première nécessité sur le marché local”, exhorte Prince Kihangi.

Les groupes armés de Walikale décrètent un cessez-le-feu

On enregistre quelques avancées appréciables en ce qui concerne la situation sécuritaire dans les différents groupements de Walikale. “Cinq (5) groupes armés locaux se sont retrouvés à Ntoto dans le groupement Walowa-Uroba où ils ont pris l’engagement de ne plus se faire la guerre, de ne plus déstabiliser les paisibles citoyens et de ne plus s’attaquer aux Forces armées de la République démocratique du Congo”, rapporte la note de terrain de Prince Kihangi. Ces mouvements, choqués par l’invasion rwandaise du territoire national, jugent utile de tourner leurs canons contre les agresseurs du M23, qui occupent le territoire autour de Bunagana. L’accalmie observée à Walikale nécessite que les uns et les autres s’approprient le processus de paix enclenché à la suite du Dialogue pour la paix et le développement organisé par le secteur des Wanyanga du 15 au 18 mars 2022, afin que la paix soit durablement retrouvée dans le secteur, encourage le député provincial.

La firme américaine Alphamin attendue dans le développement de Walikale

Située dans le groupement Wasa, secteur de Wanyanga, territoire de Walikale, province du Nord-Kivu en RDC, à environ 180 kilomètres de la ville de Goma, la société minière Alphamin Bisie Mining (ABM), est la société de référence dans l’exploitation industrielle du coltan en République démocratique du Congo. Le coltan (mot-valise pour colombite-tantalite) est un minerai de couleur noire ou brun-rouge dont on extrait le niobium (d’abord appelé colombium) et le tantale. Il est formé par l’association de deux minéraux, la colombite (ou columbite) [(Fe, Mn)Nb2O6] et la tantalite [(Fe, Mn)(Ta, Nb)2O6], en proportion variable. La République démocratique du Congo dans la région de Walikale détient entre 60 et 80 % des réserves mondiales du coltan. La RDC qui exporte actuellement 9.600 tonnes métriques de cassitérite atteindra le taux d’exportation de 10.000 tonnes par an dans les très prochaines années. A 12 ans d’exploitation, Alphamin aura payé autour de 850 millions de dollars en termes de taxes et redevances aux gouvernements provincial et central, contribution non encore ressentie dans le développement du territoire et de sa population.

Le coltan attire les enfants

Ce minéral est utilisé dans les téléphones cellulaires, les ordinateurs portables et d’autres appareils en raison de sa capacité particulière à stocker et à libérer l’énergie électrique. À mesure que la technologie 5G se développe, la demande de coltan congolais va augmenter. Mais ce n’est pas une bonne nouvelle pour tout le monde en RDC.

Une grande partie du coltan du pays est extraite en utilisant le travail de plus de 40.000 enfants et adolescents mineurs. Issus de villages et de villes isolés du Kivu, ils abandonnent l’école ou n’ont jamais eu l’occasion de la fréquenter. Le caractère informel du secteur extractif offre des opportunités d’emploi attrayantes aux enfants vulnérables, qui servent de réservoir de main-d’œuvre bon marché.

Selon un article de Vivafrica du 04 janvier 2022, les enfants travaillent comme laveurs et creuseurs dans des conditions dangereuses. Ils se livrent également à une petite contrebande, vendant du coltan pour une somme dérisoire dans les villes situées le long des frontières avec le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda. Effectuant le travail d’adultes dans un environnement dangereux, de nombreux enfants mineurs sont victimes de harcèlement, d’abus et de problèmes de santé. Les risques professionnels comprennent l’exposition quotidienne au radon, une substance radioactive associée au coltan, qui a été associée au cancer du poumon.