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Lumumba : «sans justice, pas de liberté !»

Au lendemain de l’inhumation de Patrice Lumumba jeudi 30 juin à Kinshasa, son petit-neveu et militant anti-corruption, Jean-Jacques Lumumba, revient sur l’héritage politique de son grand-oncle et le long chemin qu’il reste encore à parcourir pour davantage de justice sociale…62 ans après l’indépendance.

Jean-Jacques Lumumba, petit-neveu du héros de l’indépendance congolaise, banquier et lanceur d’alerte congolais @ Photo Droits tiers.

publié le 10 juillet 2022 à 02:42:00

Afrikarabia : Quel est votre sentiment le jour où l’on va inhumer Patrice Lumumba à Kinshasa ?

Jean-Jacques Lumumba : C’est un jour historique. La première chose, c’est qu’il y aura désormais un lieu où les gens pourront se recueillir. Mais ce n’est qu’une première étape vers l’éclatement de la vérité et cela n’efface en rien le crime odieux qui a été commis. Ce jour est important parce qu’il permet d’honorer sa mémoire, mais aussi la mémoire de toutes les victimes qu’il y a eu au Congo, avant les indépendances, et après les indépendances. Cela permet d’honorer aussi ceux qui continuent à mourir aujourd’hui. C’est pour moi un commencement pour briser le cycle de l’impunité au Congo. Après les assassinats de Lumumba, Mpolo et Okito, l’impunité a continué à travers différents types de crimes. Des crimes de sang, mais aussi des crimes économiques, avec cette culture de la corruption qui règne au Congo. La corruption et l’irresponsabilité de la classe politique sont les deux maux les plus importants du pays.

Afrikarabia : Quel est le message politique que vous souhaitez que l’on retienne de Patrice Lumumba ?

Jean-Jacques Lumumba : Le plus grand message de Lumumba, c’est que sans justice, il n’y a pas de liberté. Et que sans dignité, il n’y a pas d’hommes libres. Lumumba était l’un des chantres de la justice sociale. Il s’est battu contre les injustices à tous les niveaux. Lumumba s’est battu pour qu’il y ait le pain pour tout le monde.

Afrikarabia : Toutes les personnalités politiques congolaises se sont revendiquées, un jour ou l’autre, de l’héritage de Patrice Lumumba. C’est une personnalité qui a été énormément récupérée politiquement, vous en avez peur ?

Jean-Jacques Lumumba : On ne peut pas avoir peur que des gens se revendiquent « lumumbistes ». Il n’est qu’à juger du résultat de toutes les personnes qui se sont targuées du « lumumbisme » et de ce qu’elles ont fait réellement pour le pays. Je n’ai pas peur de la récupération. Lumumba n’appartient plus à sa famille et c’est par les actes que nous saurons qui sont les vrais héritiers de Patrice Lumumba. On ne peut pas se réclamer de cet homme en étant fossoyeur de son propre pays. Le «lumumbisme» dépasse les clivages politiques. Lumumba s’est souvent identifié comme un patriote serviteur de son pays.

62 ans après l’indépendance, le Congo reste un pays extrêmement pauvre, avec une guerre à l’Est qui n’en finit pas. La route est encore longue pour sortir le pays de cette situation ?

Jean-Jacques Lumumba : Tout reste à faire au Congo parce que nous avons tous contribué à détruire les structures de l’Etat. Quand on assassine Lumumba, on assassine la démocratie. Quand la morale n’est plus là, quand la classe politique ne vise pas l’intérêt général, le sens même de l’Etat est détruit. Et s’il y a des responsables à désigner, ce sont les dirigeants politiques congolais. Tout est à refaire dans ce pays, en commençant par la justice et la sécurité bien sûr. Il faut également reconstruire «l’Homme congolais» par l’éducation. Il faudra, pour cela, investir sur la culture, l’éducation, le civisme et le patriotisme dont nos enfants ont tant besoin. Ce sont les principaux outils qu’il nous faut mettre en place pour lutter contre le mal absolu qui nous ronge et nous tue : la corruption. On connaît les «ennemis internes du Congo» comme le disait Lumumba. Ce sont nos propres frères, nos propres dirigeants. J’en appelle à la responsabilité de chaque Congolais. C’est le message de Lumumba : chaque Congolais doit défendre sa souveraineté.

Propos recueillis par Christophe Rigaud – Afrikarabia

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