Dans une interview exclusive accordée à Ouragan.cd, le manager du FC Feneline basé en Europe n’a pas porté les gants pour désigner ce qu’il considère comme les maux qui rongent le football congolais. Kapinga souligne que l’instance faîtière du football congolais s’est illustrée par l’incapacité d’attirer les sponsors et le manque d’intérêt pour les équipes d’âge. Il revient sur ses ambitions qu’il pense cruciales, pour le développement du football de son pays d’origine.

Ouragan : Bonjour Monsieur Lionel Kapinga, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je suis Lionel Kapinga, un citoyen britannique d’origine congolaise, qui travaille à temps plein en tant que représentant des footballeurs et je suis basé en Angleterre. Je travaille avec les joueurs de tous les niveaux au niveau de ligues professionnelles anglaises et je travaille maintenant à m’établir à Kinshasa pour aider les footballeurs de la RdCongo à réaliser leur rêve de devenir footballeurs professionnels et à réussir leur carrière en faisant ce qu’ils aiment.

Parlez-nous de votre amour pour le football ?

Mon amour pour le football a commencé à un très jeune âge, car ma famille maternelle est passionnée de football. Elle est constituée de nombreux fans de Vita et très peu de supporteurs d’Imana, dont moi-même. Ma première fois à vivre le football dans un stade, c’était au stade des Martyrs, au début des années 2000. Assis à la tribune neutre avec mon oncle Tom, j’avais assisté à un match entre Vita et Imana. C’était le moment fort de la rivalité entre Roum et Biscotte. Je suis tombé donc amoureux du foot au moment où on parlait de “pied de Jésus” (ndlr surnom donné à Biscotte Mbala après son geste technique à l’origine du but salvateur de la République démocratique du Congo face à la République sud-africaine au stade des Martyrs). J’étais au stade des Martyrs ce jour-là, admirant Biscotte Mbala qui était mon joueur préféré de mon club d’enfance, Imana, faire la passe décisive pour le but que les Congolais n’oublieront jamais. Étant dans mon rôle de représentant des footballeurs, je regarde des matches dans différents stades à travers l’Europe, dans des tribunes normales ou VIP. Je peux dire en toute honnêteté que je n’ai pas encore assisté à un lieu qui me fait vibrer comme quand je me sentais, enfant, au stade des Martyrs.

Votre nom est attaché au FC Feneline. L’équipe est sacrée championne de Kinshasa édition 2021-2022 dès sa toute première participation. C’est un motif de satisfaction ?

Football club Feneline est le club de mon cœur. Vous savez qu’il y a des clubs qui m’aident à comprendre la façon dont l’industrie du football fonctionne au Congo et me permettent de construire le portfolio parfait à montrer à d’autres Congolais vivant à l’étranger ayant l’idée de revenir au Congo pour créer une entreprise, mais manquent de motivation en raison des ouï-dire et de certaines réalités auxquelles ils seront confrontés. Et malgré le manque de soutien des organes directeurs tels que la FECOFA, nous pouvons toujours créer des entreprises pour mettre le Congo sur la carte, pour aider notre pays d’origine, et surtout ceux qui ont besoin de nos services.

La plus grande compétition de football de Kinshasa, EPFKIN, s’est terminée sans que l’équipe gagnante du championnat ne reçoive de trophée, les joueurs ne reçoivent pas de médailles, ni de prix quelconque, mais les équipes doivent payer les frais de participation à l’entente. Où vont les frais de participation et que fait la FECOFA pour s’assurer que les propriétaires des clubs de l’EPFKIN n’abandonnent pas les joueurs de leurs équipes qui espèrent réaliser leur rêve de devenir footballeur professionnel et jouer un jour pour l’équipe nationale ?.

Vous êtes un connaisseur du football et vous suivez l’évolution de la sélection nationale. A votre avis, qu’est-ce qui explique les contre-performances accumulées ces derniers temps ?

A mon avis, le fonctionnement actuel de la FECOFA est la cause de notre échec au niveau national. Je ne parle pas d’un discours personnel direct envers qui que ce soit à la FECOFA. Je donne simplement mon avis sur l’organisation. Nos équipes nationales de jeunes sont presque invisibles dans les compétitions de football. Cela pourrait être dû au manque de réseau de dépistage mis en place par la FECOFA ou aux opportunités limitées offertes par celle-ci aux jeunes joueurs talentueux au sein de nos ligues nationales. En ce qui concerne notre équipe nationale A, le processus de recrutement doit être revu, des critères doivent être mis en place pour minimiser l’appel de joueurs qui ne sont pas titulaires réguliers dans leurs clubs respectifs, sous-performants dans leurs clubs, les agents libres et ceux appelés simplement parce qu’ils sont disponibles pour jouer.

En tant que fan de l’équipe nationale congolaise de football, je veux revoir notre équipe nationale à son meilleur niveau, pour participer à la prochaine CAN 2023 en Côte d’Ivoire comme aussi à la Coupe du monde 2026. Du point de vue général des affaires du football, je souhaite que l’instance dirigeante du football de notre pays ouvre ses portes pour accueillir l’aide de ceux qui sont prêts à la reconstruction et au développement de notre football, au niveau local et international. Avec une base solide et une structure fonctionnelle, la FECOFA sera en mesure d’attirer les bons sponsors et d’accroître sa crédibilité auprès des parents de jeunes joueurs évoluant dans les 5 meilleurs championnats européens de football. Ce qui permettra au pays de construire l’équipe nationale à partir de zéro et de stimuler notre chance de réussir dans des tournois majeurs, car nos joueurs se seraient liés au niveau de l’équipe nationale junior.

Je veux aussi encourager plus de personnes qui peuvent aider la FECOFA à ne pas hésiter, car elles le feront pour la gloire du pays et non des individus. Rome ne s’est pas construite en un jour. Ensemble, chacun fait plus. C’est le Congo qui gagne !.