Une marche de protestation contre l’invasion de la République démocratique du Congo par le Rwanda est convoquée pour ce mercredi à Goma. Le chef-lieu du Nord-Kivu est une ville martyre qui a connu la guerre au fil des années. Afdl, RCD, Nkunda, M23 sans compter les autres tragédies liées notamment aux éruptions volcaniques. Goma subit aussi les conséquences des affres de la guerre de Kibumba qui a vu de nombreux déplacés s’installer dans la ville, sans assistance. À Goma, tout le monde connaît tout le monde. Les fils de la ville se connaissent. Qu’ils soient hunde, shi, hutu, tutsi, nande, nyanga, banyabwisha, lega, kumu ou twa. Il y a aussi des gomatraciens originaires d’autres provinces telles que le Maniema, le Kasaï, le Katanga, la Tshopo, Kinshasa ou encore l’Equateur, le Kongo central et l’ex-Bandundu. Tous tiennent à l’essor économique de leur ville et ne rêvent que d’une paix durable. La cohabitation pacifique entre communautés est solide. Cependant, la société civile sait que le Rwanda voisin n’est pas un enfant de coeur. Pas question de lui faire confiance lorsqu’on sait qu’en 26 ans de troubles sécuritaires dans l’Est de la RDC, jamais aucune ville rwandaise n’a été occupée par des fauteurs de troubles. Les rares incursions des Interahamwe sur le territoire rwandais datent de plus d’une décennie. C’est donc Goma qui paie toujours le prix des guerres successives.

Mobilisation contre l’agression rwandaise

L’ingénieur Marrion Ngavho Kambale, président de la société civile- Forces vives de Goma “invite la population de la capitale du Nord-Kivu et ses environs à prendre part à la marche pacifique ce mercredi 15 juin 2022 afin de dénoncer l’agression rwandaise et de soutenir nos vaillants FARDC qui sont au front contre les terroristes du M23 et leurs alliés rwandais et ougandais”. Un appel qui vient donner de la voix aux habitants de Goma lassés par des rebellions cycliques par les mêmes et pour les mêmes causes. Cette marche commencera à partir de 7h00 à l’entrée président avec comme point de chute, le rond-point Rutshuru, dans le quartier Biréré, commune de Karisimbi. Le rond-point Rutshuru est situé à quelques mètres de la petite barrière, deuxième frontière qui sépare la ville de Goma de celle de Gisenyi au Rwanda.

HALTE À LA XÉNOPHOBIE : Notre Pays la RDC est en guerre contre l'Etat Rwandais notre perpétuel agresseur. Nos concitoyens Rwandophones ne sont pas des Rwandais. Ils ont droit à la protection et à la non discrimination. C'est ça l'Etat de Droit. https://t.co/LT4SSShdti

— Fernandez MURHOLA (@fmurhola) June 14, 2022

Éviter tout amalgame de rwandophobie et de tutsiphobie

La marche populaire se veut inclusive et mobilisatrice. Toutes les sensibilités sociopolitiques de la ville y sont conviées, chuchotent quelques proches de l’organisation. “Nous ne marcherons pas contre les rwandophones congolais, mais plutôt contre le gouvernement de Kigali qui déstabilise la RDC”, a confié un militant de la Lucha. “Nous appelons d’ailleurs nos frères tutsi à se joindre à nous pour condamner ensemble l’invasion de notre territoire”, rassure un activiste des droits de l’homme de Goma. La marche pourrait donc mettre à l’épreuve les Congolais régulièrement soupçonnés de jouer le jeu de Kigali pour maintenir l’est du Congo dans l’insécurité.