Un consortium des associations de la société civile en appelle à Félix Tshisekedi, “chef de l’État et gardien des intérêts miniers de la population afin qu’aucun officiel, de la présidence de la République à la Cominière, n’use pas du trafic d’influence … à propos du lithium de Manono”.

DATHCOM Mining est un partenariat entre Cominière et l’australien AVZ Minerals qui a réalisé un montage financier de 545,5 millions de dollars pour construire l’usine d’extraction du lithium à Manono, avec le concours d’un autre opérateur chinois, Suzhou CATH Energy Technologies. DATHCOM projette une production de 1600 tonnes de spodumène de lithium (SC6) par jour, dès le dernier trimestre 2023. L’usine pourrait générer 500 emplois directs et 2000 à 5000 indirects. AVZ Minerals a obtenu, début mai 2022, auprès de la ministre des Mines, Anto Samba, la mutation de son permis de recherche en permis d’exploitation. Mais la mouvance de la société civile redoute des chinoiseries administratives au Cadastre minier (CAMI) qui jusqu’à fin mai n’avait pas encore notifié AVZ Minerals sur son nouveau permis. Il sied de rappeler que le DG ai du CAMI, Jean-Félix Mupande est à son poste depuis le régime de 1+4 et y demeure en dépit des décisions d’Etat (dont une ordonnance de Kabila et un arrêté de l’actuelle ministre des Mines) portant sur son remplacement. Les mines en RDC sont un domaine de conflits d’intérêts bien souvent au détriment de l’État, déplorent les associations de la société civile.

Syndrome de Tshikapa

Des voix s’élèvent déjà pour que DATHCOM Mining signe son cahier des charges portant sur des actions sociales à réaliser au profit des populations et des contrées devant être affectées par les activités extractives de la société. DATHCOM dit avoir déjà injecté environ 70 millions de $US pour des actions sociales, notamment l’assistance aux agriculteurs avec plusieurs tonnes de semences, l’appui à la campagne de vaccination, les interventions d’urgence, le déminage de toute la cité de Manono.

Suite à cette nouvelle, d’aucuns redoutent que Manono, et par ricochet, tout le Tanganyika ne tirent guère profit du lithium extrait de son sous-sol, à l’image des régions du Kasaï restées de gros villages pauvres malgré plus de 100 ans d’exploitation du diamant. Des experts parlent, en effet, du syndrome de Tshikapa : la ville est connue de par le monde comme la capitale mondiale du diamant, et cordon ombilical d’Anvers. Hélas, Tshikapa n’est appelée ville que parce que l’administration publique le compte parmi la trentaine de villes officielles de la RDC, en réalité, avec ses routes cahoteuses dont l’asphalte remonte pour la plupart du temps de la colonisation, pas de réseau d’électricité ni d’eau courante, un système de santé rudimentaire, Tshikapa a tout l’air d’une commune rurale pour ne pas dire un gros village. Le syndrome de Tshikapa s’appliquerait, mutatis mutandis, à toutes les villes de l’espace Kasaï et même du Grand Katanga. Du lithium de Manono, Nigel Ferguson, directeur général d’AVZ Minerals, se vante pourtant que c’est “l’un des nouveaux projets miniers les plus importants au monde, qui contribuera de manière significative à la transition énergétique verte mondiale”.

Aujourd’hui, qui dit lithium, dit batteries pour des voitures électriques. Pourtant le lithium est également utilisé en médecine, notamment pour soigner les TOC troubles obsessionnels compulsifs. Le lithium est aussi utilisé pour soigner des maladies de la peau, corriger un dysfonctionnement métabolique, résultant en des troubles du sommeil et de l’irritabilité.

Le lithium est également utilisé dans la fabrication de différents types de verre, de céramiques, de graisses lubrifiantes, de caoutchouc, d’émaux, de batteries et d’aluminium de première fusion. On l’utilise également dans la fabrication de certains alliages.