Critiqué pour son silence et son inaction vis-à-vis du Rwanda depuis le début des hostilités du M23 dans la province du Nord-Kivu, le président de la République recouvre petit à petit ses saveurs dans l’opinion congolaise après qu’il a présidé vendredi, le Conseil supérieur de la défense. Qualifié à tort de faible, de complice, de simple accompagnateur ou encore, tout simplement de protocolaire, Félix Tshisekedi avait vu sa côte de popularité s’effriter jusqu’à entamer ses chances lors de la prochaine élection présidentielle. La communication de réserve pratiquée jusqu’à il y a peu par le gouvernement de la République avec, de temps en temps, des réponses contradictoires autour des sujets majeurs qui touchent à la vie de la nation, n’avaient fait qu’exacerber le désamour du peuple vis-à-vis de ses dirigeants. C’est ainsi que les annonces faites par Patrick Muyaya sont venues réveiller tout un peuple. À la place de la gare, samedi matin, le sujet était sur toutes les lèvres: “Félix vient d’interdire les avions du Rwanda en RDC”. “C’est comme cela qu’agit un chef”, commente une personne vivant avec handicap pressée de gagner le beach Ngobila (port officiel de la Gombe). Un petit tour à bord des mini-bus nous permettait de vivre la même ambiance de satisfaction des Congolais pour les mesures prises par le gouvernement de convoquer l’ambassadeur Karega du Rwanda réputé pour son arrogance et la suspension de trafic à tous les vols de la compagnie Rwandair.

Tshisekedi doit aller beaucoup plus loin

La situation sur le terrain telle que rapportée par différentes sources d’information laisse les Congolais perplexes et préoccupés. Préoccupés par les déclarations du général fils du président Yoweri Kaguta Museveni dont les tweets s’apparentent à une campagne concertée entre l’Ouganda et le Rwanda pour envahir la RDC. Préoccupés également par les preuves irréfutables de la présence des éléments surentrainés des Forces de défense du Rwanda (RDF) qui ont très ouvertement lancé des attaques en règle contre la République démocratique du Congo et dont deux ont été faits prisonniers par les FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo). Autant d’indices qui fondent l’inquiétude des habitants de l’Est en particulier et de l’ensemble du pays en général. D’où cette exhortation de voir le gouvernement congolais pousser beaucoup plus loin ses actes de distanciation d’avec le Rwanda. Pour certains mouvements citoyens, “l’opinion attend l’expulsion publique du diplomate rwandais basé à Kinshasa, la rupture et l’annulation des accords qui lient les deux États et la dissolution des accords économiques dont celui de l’exploitation des minerais”. Des exigences qui sont déjà scrutées par le gouvernement congolais, rapportent certaines indiscrétions.