Lors d’un briefing de presse du ministre de la Communication et médias, co-animé avec le porte-parole de l’armée et celui de la police lundi à Kinshasa, le gouvernement congolais a appelé le Rwanda à être sincère et honnête et à arrêter de jouer à l’hypocrisie.

Sans se voiler la face, le pouvoir de Kinshasa a confirmé que les terroristes du M23 opèrent sous l’instigation de leur parrain- Rwanda. Pour s’en convaincre, les orateurs ont relevé le fait que le M23 ne possédait plus d’armes depuis que les FARDC les avaient défaits. La captivité de deux militaires rwandais dans le territoire de Rutshuru, lesquels sont d’ailleurs passés aux aveux, n’a fait que renforcer la thèse de l’agression de la RDC par le Rwanda sous couvert du M23.

“Le M23 n’a d’autre message que de porter l’agenda rwandais. Nous voulons que le Rwanda nous dise ce qu’il veut réellement”, a insisté le ministre Muyaya.

De son côté, le porte-parole des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) a démontré noir sur blanc que le Rwanda est derrière le M23. Carte géographique à l’appui, le général Léon-Richard Kasonga a fait le récit de la tentative de l’armée rwandaise de prendre le contrôle de Rumangabo. Il a ensuite expliqué que l’armée congolaise a déjoué le plan machiavélique du Rwanda en continuant à remplir loyalement sa mission dans cette partie du territoire congolais.

Quant à la question de savoir si l’armée congolaise est prête à affronter les agresseurs, le général Kasonga a répondu sans détour que les FARDC ont toutes les compétences pour mâter l’ennemi et défendre le pays.

“Nous sommes la onzième armée en Afrique. Elle a défait les FDLR, la LRA, l’ADF, les Mai-mai, les Kamuina Nsapu, les Enyele. Nous étions la meilleure armée, nous le sommes. Nous allions en promenade dans les pays auxquels vous faites allusion. Nous avons toutes les compétences pour faire la guerre”, a déclaré le porte-parole des FARDC.

Le général Kasonga a encouragé la population à collaborer davantage avec son armée, afin de faire échec au plan de l’ennemi.”La défense de la nation n’appartient pas qu’aux seuls soldats”, a-t-il dit.

Kinshasa n’a pas encore fermé la porte aux négociations

A haute voix, le ministre de la Communication et médias a rappelé que, depuis son élection à la magistrature suprême, le président Félix Tshisekedi Tshilombo s’était inscrit sur la voie de la cohabitation pacifique avec tous les pays voisins, en refusant de regarder le passé douloureux vécu par la République démocratique du Congo. Cependant, il a souligné que si les voisins ne veulent pas emprunter cette voie, son pays se prendra en charge.

“Même s’il y a la guerre, on finira par discuter…Nous voulons la paix, mais nous ne ferons la paix qu’avec ceux qui veulent la paix. Choisir la paix, n’est pas une naïveté. Nous allons défendre notre pays”, a fait remarquer Patrick Muyaya.

Une autre précision apportée par le porte-parole du gouvernement est que la République démocratique du Congo ne va plus intégrer dans son armée les éléments issus de rébellions. “Il ne sera plus question ni de brassage, ni de mixage. Tous les rebelles seront déversés dans la vie civile”, a-t-il tranché.

Faisant d’une pierre deux coups, Patrick Muyaya a salué la mobilisation du peuple congolais pour défendre l’intégrité territoriale contre les agresseurs. Il a, par la même occasion, confirmé la venue du pape François en République démocratique du Congo.

Pour sa part, le porte-parole de la police nationale congolaise (PNC) a éclairé sur les dispositifs mis en place dans les territoires de Rutshuru et Nyiragongo. Le colonel Pierrot Mwana Mputu a expliqué que la gestion sécuritaire est partagée avec la population à travers le conseil local. Chacun y apporte des éléments nouveaux, afin de ramener la sécurité. “L’autorité de police fait un effort de sensibilisation sur la protection et la dénonciation. La collaboration entre les FARDC, la PNC et la population a occasionné la captivité de deux militaires rwandais, a-t-il mentionné.”

Par ailleurs, le colonel Mwanamputu a fait savoir que “la réhabilitation de la route Bunagana et l’instauration de l’état de siège au Nord-Kivu sont les deux causes majeures qui expliquent l’attitude des agresseurs. Car ces derniers y ont vu une menace à leur survie”.

Le M23 est le seul groupe rebelle qui s’était montré réfractaire au processus de paix engagé à Nairobi, au Kenya pour résoudre le problème sécuritaire dans l’Est de la RDC. Le mouvement rebelle pro-rwandais a boudé cette initiative jusqu’au point d’attaquer l’avion de la MONUSCO pendant que d’autres parties prenantes étaient en pleins pourparlers.