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Mudosa Buda : “le dialogue de Nairobi n’est pas différent de celui d’Addis-Abeba ou de Goma”

Mudosa Buda s’est livré à cœur ouvert à Ouragan.cd sur la situation sécuritaire dans l’Est du pays, marquée notamment par la résurgence du M23 et le dialogue consultatif de Nairobi entre la délégation du gouvernement congolais et les représentants de quelques groupes armés locaux, sous la facilitation du président kenyan, Uhuru Kenyatta.

Par Jeanric Umande

Nziraboba Mudosa Buda, haut cadre du parti PARECO-PAP @Photo Ouragan.cd.

publié le 25 avril 2022 à 19:02:28

Sans langue de bois, le haut cadre du parti politique “Coalition des résistants patriotes congolais/parti du peuple ( PARECO/PAP)”, ex-groupe armé ( PARECO-FAP) signataire des accords de paix de Goma du 23 mars 2009, révèle qu’il y a des frustrations dans le camp de certains groupes non invités au dialogue de Nairobi, qui selon lui, n’est pas différent de celui d’Addis-Abeba ou encore de Goma. Par ailleurs, il souhaite que ce processus de paix puisse aller jusqu’au bout car, rappelle-t-il, le gouvernement congolais n’a respecté qu’à 10 % les accords précédemment signés.

Pour Mudosa, l’intégration de ces rebelles au sein de l’armée ne constitue nullement la solution. Il est, par contre, convaincu que, le Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation ( PDDRC-S) est la voie indiquée pour résoudre cette crise sécuritaire.

Ouragan.cd : Les négociations se tiennent à Nairobi avec l’ensemble des groupes armés mais votre mouvement n’est pas représenté ?

Mudosa Buda : PARECO/PAP (Coalition des résistants patriotes congolais/parti du peuple jadis PARECO/FAP (Coalition des résistants patriotes congolais/Forces armées populaires) est depuis 2010 un parti politique après la signature des accords de paix de Goma. Pour éclairer votre lanterne, il dispose d’ailleurs d’un député national, un député provincial et un ministre provincial au Nord-Kivu . C’est vrai PARECO/FAP a été le plus puissant des groupes armés signataires des accords de paix de Goma du 23 mars 2009 et c’est le seul groupe armé qui a intégré un grand nombre de combattants et remis toute ses munitions. Et dès lors qu’il n’est plus groupe armé, sa raison d’être aux assises de Nairobi n’a pas d’importance.

Y-a-t-il un problème dans la sélection des groupes armés devant participer aux travaux ?

Il est vrai qu’il y a un problème sérieux dans la sélection des participants à ces discussions. En ma qualité de l’un des responsables de la Dynamique des partis issus des accords de paix de Goma du 23 mars 2009, je reçois de partout des appels cherchant à savoir pourquoi deux poids, deux mesures, mais je suis incapable de donner des éclaircissements quant à ce qui concerne ce choix.

Craignez-vous des frustrations ?

Ce n’est plus question de craindre des frustrations, mais il y a déjà des frustrations, c’est connu et vous en êtes plus informé. En guise d’illustration, dans le territoire de Rutshuru, où actuellement le M23 fait la terreur, aucun groupe armé n’a été invité, même le CMC ( Collectif des mouvements pour le changement) de M. Domi et pourtant, c’est le plus grand et puissant groupe armé de cette partie du pays. Je ne cite que ce cas.

Selon vous, en quoi Nairobi est différent d’Addis-Abeba, de Kampala ou de Goma ?

Nairobi n’est en rien différent d’Addis-Abeba ou alors moins de la confrérence de Goma parce que les problèmes/revendications sont les mêmes et sont connus de tous. La seule différence est que le chef de l’État, qui est le chef suprême a décidé de tenir ces assises à Nairobi.

Est-ce que ces négociations ne sont pas convoquées parce que le M23 a repris les armes contre l’armée congolaise ?

Effectivement, c’est à cause de la reprise des armes par le M23 que ces discussions sont convoquées.

Comment jugez-vous cette attitude du M23 qui reprend les hostilités alors que ses délégués sont sur la table des négociations à Nairobi ?

L’attitude du M23 à reprendre les hostilités au moment où ses délégués sont sur la table des négociations n’est qu’une bonne tactique de négociation. Cela permettra à cette formation de négocier la part du lion pour elle. Bref, influencer dans le but de faire passer tous ses désidérata. Que dire de plus ? Sinon, si ce n’était pas le cas, ils ne reprendront pas les hostilités en ce moment précis.

Devons-nous considérer le M23 comme un mouvement à éradiquer ?

On éradique un virus. Le M23 n’est pas un virus. Retenez que nous avons été tous sur la même table des négociations avec le CNDP (actuellement M23) lors de la conférence sur la paix à Goma. Nous avons tous signé les accords avec le gouvernement mais fort malheureusement ces accords n’ont pas été respectés par le gouvernement. Retenez qu’il y a des Congolais de père et de mère, des patriotes,…. dans le M23 ( je peux vous citer Bertrand Bisimwa – un collègue d’école secondaire avec qui nous avons partagé le lit à l’internat, le réfectoire,… il y a le pasteur Runiga et d’autres. Je pense que cette question avait été mal gérée par le gouvernement précédent. Ici ce n’est pas question d’éradiquer plutôt, question de se parler, de s’écouter mutuellement et la solution sera trouvée. Je salue cette initiative, si seulement si cette fois-ci elle ira jusqu’au bout afin de trouver la paix, car la paix n’a pas de prix.

Est-ce que les précédents accords n’ont jamais été respectés par le gouvernement ?

Les accords précédents, (ici je parle des Accords qui nous avaient liés avec le CNDP (M23 actuel) n’ont pas été respectés. Pour être quand même reconnaissants, nous pouvons dire qu’ils n’ont été respectés qu’à 10 % seulement. Si vous voulez des détails, je suis très disponible à vous les fournir.

Quelle est la solution que vous préconisez ?

La solution préconisée avait déjà été trouvée à travers la mise en place du PDDRC-S. (Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation). Reste seulement à mettre toutes les batteries en marche et c’est tout.

Pensez-vous que la solution aujourd’hui, c’est de donner des postes politiques aux leaders rebelles ou intégrer leurs hommes de troupes dans les rangs de l’armée ?

Personnellement, je n’ai pas été invité à Nairobi, et donc je n’ai aucune idée sur les revendications des amis qui y sont actuellement. Ce que je peux dire à ce stade, j’ai eu à accompagner Tommy Tambwe Ushindli dans les différentes missions de dialogue qu’il a entrepris dans l’Est avec les seigneurs de guerre, conformément à l’esprit de l’ordonnance mettant en place le P-DDRCS (que Tommy Tambwe dirige), en tant que coordonnateur de ce programme, nulle part, il a parlé de partage des postes, ni intégrer les ex-combattants dans les FARDC. Cela me pousse à dire et confirmer que ça ne sera pas le cas même pour les négociations de Nairobi. Comme l’a dit le chef de l’État, il y a un et un seul cadre pour regorger/orienter tous ces compatriotes, c’est le P-DDRCS. Sinon, le pays n’aura pas des postes à donner à tous ces compatriotes parce qu’ils sont nombreux. Imaginez vous qu’actuellement, il y a plus de 150 groupes armés. Si chaque responsable politique pouvait avoir un poste, et chaque chef militaire être nommé général, c’est pour dire que tous les dirigeants actuels vont rester à la maison et laisser maintenant la gestion du pays aux amis issus des pourparlers de Nairobi.

Que peut-être la finalité de ce processus ?

La finalité de ce processus, c’est uniquement l’acquisition de la paix totale, seul gage du développement. Et personnellement, j’espère qu’avec la volonté politique et le concours de tous, nous y parviendrons.

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