Faut-il en rire ou en pleurer ? Le petit nègre est un parler qui remonte à il y a 100 ans, un pseudo-français, l’on dirait d’avant-Malherbe auquel les premiers nègres qui ont côtoyé les Blancs s’enamourer à pérorer comme pour impressionner leurs proches. Il suffisait de faire un méli-mélo des mots sans se soucier de la logistique syntaxique.
Hélas, cent ans après, dans l’ex-Congo Belge, le petit nègre revient au galop au travers de la presse en ligne, une presse dont les bricoleurs se sont emparés et qui pourrait encore longtemps, faute d’une asepsie en profondeur, demeurer dans l’ostrogoth en dépit des résolutions pertinentes de derniers états généraux de la presse. Déontologie, peu m’en chaut…ciel ou enfer, peu importe, comme écrivit Leconte de Lisle, l’important est de servir même les causes perdues et ignobles en vrai stipendié. Il y a cent ans, le colon utilisait le terme “bonania” pour désigner ce nègre toujours hilare, d’une jovialité cimiesque, prêt à tout pour servir “servilement” son maître. Hélas, la presse en ligne rdcongolaise est truffée des bonanias… prêts à se vendre à peu de frais, moins qu’une bête de somme, pour défendre un “grand vide”, l’expression d’Eric Zemmour qui qualifie ainsi ces politiques qui naviguent à vue, plutôt à vau-l’eau, sans rien comprendre, rien assimiler, sans obligation des résultats : qu’ils étalent mes insuffisances criantes sur la place publique, peu m’importe, je suis et je reste à mon poste grâce à mes liens parentaux, avunculaires…de “beau-frérie”, comme on aime à ironiser sur le pouvoir en Côte d’Ivoire.
En RDC, mieux vaut une tête bien connue qu’une tête bien faite. On fait avec. Faudrait-il alors s’étonner des résultats ? RAM, voilà une escroquerie, un crime économique imprescriptible qui, tôt ou tard, fera l’objet d’une poursuite judiciaire au même titre que le procès dit de Cent jours. C’est du Congo-Hold-up, version puérile. On aurait pu le maquiller en une valeur budgétaire : compte ou fonds spécial, fait générateur des recettes,… . Pour ce faire, il faut avoir une certaine connaissance même lacunaire ! de la gestion de la chose publique. Il n’y a pas eu erreur mais défaut de casting dans certains maroquins, foi de cet analyste. Il se rapporte qu’un Belge aurait déclaré que si vous voulez cacher quelque chose aux Zaïrois (Rdcongolais), mettez-le dans un livre. Un document adapté à l’évolution de NTIC régit le secteur des télécoms depuis fin 2020. Il s’agit de la loi n°20/017 du 25 novembre 2020 qui définit la cybercriminalité, cerne ses contours et ramifications et par-dessus, prévoit un arsenal pénal sur le sujet. Le gouvernement Ilunga Ilunkamba, mieux le ministère en charge des NTIC, aurait dû s’activer à la mise en application de la loi précitée au regard des dérives observées dans les réseaux sociaux notamment des messages de haines tribales repris en chapelet au point que le chef de l’État, Félix Tshisekedi est personnellement monté au créneau, au cours d’une réunion de Conseil des ministres, pour fustiger le mal qui faisait les vieux os dans l’opinion. L’on dirait que Fatshi avait déjà décelé des insuffisances et des inaptitudes dans le chef de gestionnaires institutionnels du secteur au point qu’il a plutôt chargé l’alors ministre de la Justice, le FCC Tunda ya Kasende d’agir sans délai contre les corbeaux numériques.
Sans doute, les mêmes motivations ont poussé le président de la République à créer mi-avril 2021, un ministère du Numérique, et confié à une personnalité dotée réellement de matières grises éprouvées. Pour autant, la loi n° 20/017 du 25 novembre 2020 n’a, à ce jour, jamais été amendée et sévit encore en matière de cybercriminalité. ( Lire des extraits ci-après). Il serait donc téméraire, irresponsable, ignominieux que de vouloir imputer l’incurie et la pétaudière dans les télécoms et son appendice des réseaux sociaux à un ministère – circonstanciel, susceptible d’être derechef incorporé dans les Ptntic- dont la loi principale, le Code du numérique, est encore en gestation. Sartre disait, pour le salaud, l’enfer, c’est l’autre.